Comprendre l’exclusion sociale à la lumière de la reconnaissance : réflexions théoriques sur l’approche d’Axel Honneth et illustration à partir d’une étude de cas à Bogotá
Auteur / Autrice : | Juan Carrillo |
Direction : | Matteo Gianni, Jean-Louis Marie |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 12/01/2012 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Triangle : Action, Discours, Pensée politique et économique (Lyon ; 2005-....) |
Jury : | Président / Présidente : Yves Schemeil |
Rapporteurs / Rapporteuses : Numa Murard |
Mots clés
Résumé
Aujourd’hui, le concept d’exclusion sociale est ambigu, voire banalisé, alors que le processus même affecte des millions d’individus. La plupart des études en sociologie et en politiques sociales dont il est l’objet s’adonnent principalement à une analyse de sa dimension matérielle (et objective). Malgré l’avancée et l’importance de ces études, il existe une dimension symbolique (et subjective) à nos yeux très partiellement explorée jusqu’alors, et qui permettrait de mieux appréhender le processus d’exclusion en termes relationnels. Notre travail se propose d’examiner avec précision cette dimension symbolique dont le contenu moral suggère que l’exclusion peut être conçue comme le signe d’une injustice et plus précisément le signe d’une situation de non-reconnaissance.Ainsi, en faisant appel aux réflexions du philosophe allemand Axel Honneth sur la notion de reconnaissance, et plus particulièrement sur les catégories définies comme étant de « non-reconnaissance », nous traçons de manière critique le chemin théorique qui conduit à une lecture de l’exclusion sociale à la lumière de l’approche honnethienne de la reconnaissance, c’est-à-dire, à une analyse de l’exclusion en termes de non-reconnaissance. En outre, notre travail vise à illustrer le lien entre exclusion sociale et reconnaissance à partir d’une étude de terrain basée sur 40 entretiens réalisés entre juin 2007 et mars 2009 à Bogotá en Colombie. Ceci nous permettra non seulement d’analyser le « caractère opératoire » de la reconnaissance, mais surtout de voir jusqu’à quel point la démarche entreprise favorise la découverte de nouvelles compréhensions du processus d’exclusion, compréhensions sans lesquelles une analyse « opératoire » resterait incomplète.La première partie de cette thèse offre un aperçu général des concepts d’exclusion et de reconnaissance selon l’idée qu’au sein de la dimension symbolique de l’exclusion se révèle un contenu moral que nous nous proposons d’examiner à partir de l’approche de la reconnaissance d’Axel Honneth. La deuxième partie s’attache à l’étude de ce contenu moral ainsi que des éléments qui permettent de faire une lecture de l’exclusion selon les travaux de Honneth. Cette lecture théorique est illustrée sur le terrain comme le montre la présentation de notre étude de cas à Bogotá. La troisième partie examine, à travers l’analyse des entretiens, dans quelle mesure le potentiel heuristique de l’approche honnethienne favorise la compréhension du processus d’exclusion sociale.