L'ontologie de la conscience dans l'oeuvre de Henri Ey
Auteur / Autrice : | Philippe Prats |
Direction : | Benoît Goetz |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 05/10/2012 |
Etablissement(s) : | Université de Lorraine |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale Perspectives Interculturelles : Ecrits, Médias, Espaces, Sociétés (PIEMES) (Metz ; 2000-2012) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire lorrain de sciences sociales (Metz ; 19..-2023) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Paul Resweber |
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Montebello, Louis Ucciani |
Résumé
En 1963 Henri Ey renoue, en écrivant « La Conscience », avec une tradition philosophique oubliée : ramener la psychologie dans le giron de la philosophie. Le lien entre psychologie et philosophie s'explique par le fait qu'on ne peut pas rendre compte de la vie psychique sans mener de concert une réflexion sur le sens de l'être. Ce faisant Henri Ey allait à contre-courant de la vie intellectuelle de son époque. La pensée dominante de cette période suspectait la tradition philosophique qui prônait l'existence du Sujet. L'anthropologie se substituait à l'ontologie. Le Sujet était, dans la tradition spinoziste, une illusion. La mise en question du Sujet signifie la disparition de la psychiatrie. La maladie mentale n'existe qu'en affirmant l'impossible maîtrise d'un Sujet sur son monde. La maladie mentale raconte la déstructuration du champ d'une conscience. C'est la dissolution d'un Sujet dans un monde dont il n'est plus la clé de voûte qui caractérise la maladie mentale. Comment en est-on arrivé à l'idée que la folie pouvait signifier autre chose que le contre sens de l'homme ? C'est cette dérive dont rend compte l'oeuvre d'Henri Ey. Cette dérive n'est pas le fait d'interprétations erronées qui seraient liées à des paradigmes mentaux historiques. La dérive est plus sournoise, elle est le fait d'une attitude mentale naturelle. Elle provient de la manière dont l'homme pense. La pensée humaine naturellement organise ses objets dans un cadre logique qui est celui du principe de contradiction. La logique binaire divise, sépare, oppose. Elle autorise l'abstraction et surtout suppose que cette organisation logique est le calque de l'organisation de la vie. L'abstraction vers laquelle la logique de la dualité conduit la pensée est le fondement même de toute métaphysique. Pour Henri Ey, il était absolument nécessaire d'en terminer avec l'approche métaphysique qu'autorise la forme logique binaire quand il s'agit d'étudier la constitution de l'existence humaine. Il propose une nouvelle approche de la vie psychique en formulant cette vie selon une logique non binaire. C'est en termes de système ouvert et de devenir qu'il construit une nouvelle science humaine. Cette approche permet d'incarner l'homme dans le monde et d'en faire le véritable Sujet de son monde. C'est en termes de devenir qu'il faut penser le champ d'incarnation de l'homme ou champ de la conscience. La conscience est un devenir, elle ne se réduit pas au devenir actualisé. Henri Ey, en remettant en cause les présupposés logiques qui interdisent de comprendre la conscience, redonnait sa place au Sujet. Le devenir conscient permettait de lier l'ontologie (les conditions de la conscience) et l'anthropologie (l'actualisation de la conscience dans le monde) ? La vie psychique est l'actualisation momentanée de la conscience.