Thèse soutenue

De l'épuisement du corps à l'affaissement de soi : effets des transformations des freins et des contrepoids au travail sur la vie des individus

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Auteur / Autrice : Laurie Kirouac
Direction : Danilo MartuccelliMarcelo Otero
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 08/03/2012
Etablissement(s) : Lille 3 en cotutelle avec Université du Québec à Montréal
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Lille ; 2006-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche 'Individus- Epreuves- Sociétés' / CeRIES - Collectif de recherche sur l'itinérance, la pauvreté et l'exclusion sociale
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Danilo Martuccelli, Marcelo Otero, Vincent Caradec, Jean-Marc Larouche, Daniel Mercure

Résumé

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Le travail contemporain est de plus en plus reconnu comme une expérience ambivalente, c'est-à-dire porteuse de satisfactions intrinsèques pour l'individu et des moyens pour s'accomplir et, en même temps, à l'origine de souffrances et malaises psychologiques divers : burn-out, stress, anxiété, dépression, etc. Prenant appui sur les contributions conjointes de l'approche française de la sociologie de l'individu et des sociologies du travail et de la santé mentale, l'objectif de la thèse est de poser un regard renouvelé sur les processus sociaux derrière les retombées foncièrement ambivalentes de l'expérience du travail contemporain. De la même manière que la sociologie a toujours reconnu le rôle irrémédiablement central joué par le travail dans la socialité moderne, la thèse postule que la société a toujours dû trouver les moyens de l'enchâsser, sa valeur morale comme son potentiel d'envahissement pratique, dans le reste de la vie sociale. La société a sans cesse eu à confectionner pour cela des mécanismes sociaux aptes à réguler le poids du travail sur la vie des gens : les freins et contrepoids du travail. Ces derniers réfèrent à l'ensemble des composantes de la socialité qui régissent la part de lui-même que l'individu engage dans le travail, ce qui revient à en baliser l'emprise objective et subjective sur l'existence. Cette recherche doctorale pose l'hypothèse que c'est en retraçant quelques-unes des transformations qu'ont connues les freins et contrepoids du travail, depuis la période fordiste (1940-1970) jusqu'à nos jours, qu'elle pourra éclaircir ce qui par-delà les normes et injonctions managériales amène les contemporains à se mobiliser si intensément vis-à-vis du travail et à accorder autant d'importance à ses rétributions expressives (reconnaissance, accomplissement de soi, etc.). Deux formes de « pathologie » professionnelle, le surmenage professionnel et le burn-out, respectivement liées à l'expérience du travail taylorien et contemporain (ou post-taylorien), lui servent d'ancrage empirique. À partir d'un corpus d'enquêtes interrogeant la plainte du surmenage professionnel et du burn-out, puisé à même la littérature existante, la thèse porte un éclairage sur certaines difficultés susceptibles d'avoir participé aux conditions d'apparition du surmenage professionnel et du burn-out au cours de l'histoire, au Québec et en France. Plus précisément, l'étude comparée de leur plainte cherche à voir si l'une ou l'autre des difficultés qu'elle recèle laisse deviner certaines transformations qu'auraient connues les freins et contrepoids du travail, entre la période fordiste et la période post-fordiste actuelle, et à en traduire certaines conséquences possibles pour l'individu de chacune des époques concernées.