La privatisation et ses contestataires : réformes et conflits dans les politiques d’accès à l’eau potable à Carthagène, La Paz, Cochabamba et Campo Grande, 1980-2010
Auteur / Autrice : | Pierre-Louis Mayaux |
Direction : | Yves Surel |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique. Amérique latine |
Date : | Soutenance en 2012 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Mots clés
Résumé
Les grands contrats de privatisation des services d’eau, signés en Amérique Latine durant les années 1990, ont connu des trajectoires contrastées. Certains arrangements se sont consolidés, d’autres, en revanche, ont été remis en cause au terme de mobilisations sociales de grande ampleur. Ces divergences s’expliquent mal à l’aide des théories existantes qui, ou bien postulent l’efficacité supérieure des acteurs privés, ou bien soulignent leur rapacité. En comparant systématiquement les réactions sociales aux privatisations dans quatre villes d’Amérique Latine, cette recherche montre que l’acceptation sociale des privatisations a été déterminée par le degré de concentration des pouvoirs au niveau sectoriel. Une forte dispersion des pouvoirs a en effet contraint les réformateurs à réformer graduellement, par superposition institutionnelle. Ce type de changement a favorisé la compensation des perdants politiques et économiques, et l’obscurcissement du sens des réformes aux yeux des opposants « de principe ». A l’inverse, la faiblesse des acteurs de veto en Colombie a encouragé les néolibéraux à réformer par remplacement institutionnel, infligeant des pertes brutales à de nouveaux acteurs, et dramatisant les enjeux aux yeux des opposants de principe. Cette comparaison de quatre réformes institutionnelles insiste sur le caractère multidimensionnel des politiques néolibérales. Elle met également en évidence une stratégie, plus ou moins contestée, de construction de l’Etat par le néolibéralisme en Amérique Latine. Elle montre, enfin, combien la dispersion des pouvoirs et l’étirement temporal de l’action publique entravent l’imputabilité démocratique des décisions.