La Responsabilité Sociale d'Entreprise, un méta-encastrement des firmes : une analyse du cas indien
Auteur / Autrice : | Damien Krichewsky |
Direction : | Denis Segrestin, Christophe Jaffrelot |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 2012 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Résumé
La thèse propose une interprétation originale du phénomène de la responsabilité sociale d'entreprise (RSE) comme un méta-encastrement des firmes. Cette interprétation est élaborée à la lumière d’une investigation multi-niveaux du cas indien. La première partie débute par l’exposition d’un cadre d’analyse des rapports entre les firmes et leur environnement social, construit autour des formules polanyiennes d’encastrement et de désencastrement du système économique. Ce cadre d’analyse est ensuite déployé dans une étude macrosociologique des rapports entre les firmes et leur environnement social. Trois configurations émergent : une forme d’encastrement « socioculturel » des firmes prédomine de 1860 à 1947, elle cède le pas à un encastrement politico-bureaucratique des firmes dans un contexte d’économie mixte (1948-1979), tandis que l'Inde contemporaine est marquée par un mouvement de désencastrement des firmes. Ce dernier suscite un contre-mouvement visant le réencastrement des firmes, animé notamment par les acteurs de la société civile. La RSE est produite par une constellation d’acteurs en réponse à ce couplage désencastrement/réencastrement. La deuxième partie expose trois monographies portant sur des cimenteries de Lafarge India, qui offrent des observations détaillées des conditions d’émergence du phénomène de la RSE en Inde. Combinant une approche réaliste-critique et la sociologie de Niklas Luhmann, la troisième partie montre comment la RSE produit un méta-encastrement des firmes, grâce auquel celles-ci traitent les risques économiques du couplage désencastrement/réencastrement, à un niveau organisationnel et au niveau systémique de la « gouvernance mondiale ».