Thèse soutenue

Retentissement du handicap de l'enfant sur la vie familiale

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Auteur / Autrice : Audrey Guyard
Direction : Christine CansJérôme Fauconnier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Modèles, méthodes et algorithmes en biologie
Date : Soutenance le 05/10/2012
Etablissement(s) : Grenoble
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale ingénierie pour la santé, la cognition, l'environnement (Grenoble ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Techniques de l’ingénierie médicale et de la complexité - Informatique, mathématiques et applications (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Jean-Luc Bosson
Examinateurs / Examinatrices : Juliette Bloch
Rapporteurs / Rapporteuses : Isabelle Ville, Vincent Gautheron

Résumé

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Le handicap de l’enfant peut avoir des conséquences sur des dimensions de la vie familiale : santé physique et psychologique, relations sociales et familiales, temps de prise en charge, emploi et poids économique. Mieux connaître les facteurs liés à cet impact permettrait d'en limiter les conséquences négatives sur la vie familiale.L’impact familial de la paralysie cérébrale (PC) d’adolescents européens a été étudié en 2009 et des facteurs personnels, sociaux et environnementaux de leurs familles également recueillis. Un questionnaire sur l’impact familial du handicap dans 5 des 7 dimensions identifiées dans la littérature a été utilisé. Etendu aux dimensions manquantes par l’ajout de 4 questions, l’outil amélioré a été validé dans le cadre de cette enquête européenne.Un modèle théorique fondé sur le modèle d’adaptation Double ABCX a été confronté aux données. Sont mis en relation des éléments de perturbations de l’équilibre familial, liées à l’enfant ou à l’environnement (A), des ressources disponibles pour faire face (B), la perception de conséquences négatives (C) et le degré d’adaptation familiale, mesurée par la détresse psychologique (X). La modélisation par équations structurelles a permis de valider un modèle estimant des coefficients de corrélation significatifs entre les variables selon une méthode itérative par moindres carrés pondérés (WLSMV). 57,4% de la variance de la détresse psychologique a été expliquée par des perturbations (A) : âge avancé de l’adolescent (bêta=0.19), absence d’emploi des parents (bêta=0.25), sévérité de la déficience motrice (bêta=0.23), sévérité des troubles du comportement de l’adolescent (bêta=0.45) ; par des ressources (B) : accès à des modes de garde extérieurs (bêta=-0.15), degré de dysfonctionnement familial (bêta=0.40), sentiments positifs du parent par rapport au handicap (bêta=-0.16) ; et enfin par l’impact négatif perçu (C) sur la santé des membres de la famille (bêta=0.45). Des éléments de (A) et de (B) influençaient l’impact négatif perçu dans d’autres dimensions de vie familiale. D’après ce modèle, l’adaptation de la famille face au handicap de l’adolescent semble se jouer plus autour de la qualité du fonctionnement familial que sur la mise en place de compensations physiques ou financières. Il est donc important de mettre en place des actions permettant aux familles d’améliorer les différentes dimensions de ce fonctionnement. L’utilisation d’outils de mesure validés peut aider à évaluer et sélectionner des interventions les plus efficaces pour gérer les troubles du comportement chez l’enfant en situation de handicap, augmenter l’autonomie de l’enfant, favoriser le bon fonctionnement familial, ou promouvoir les attitudes parentales positives face au handicap.L’absence d’emploi influençant le bien-être psychologique, cette situation a été étudiée pour les mères d’enfants en situation de handicap. A partir de données disponibles, nous avons constaté qu’en tenant compte de nombreuses caractéristiques de l’enfant et de la famille, la présence d’une déficience intellectuelle chez l’enfant et un bas niveau d’études de la mère ou le non-emploi du père influençaient significativement le risque de non-emploi de la mère.Par ailleurs, les mères d’enfants en situation de handicap sévère se sont avérées proportionnellement plus nombreuses que la population générale à être sans emploi (47,2% contre 31,4%). En revanche, les mères d’enfants avec PC interviewées lors d’une enquête n’étaient pas plus sans emploi que les mères de la population générale, remettant en question l’usage de la PC comme modèle du handicap, pour l’étude des conséquences familiales.L’étude de l’impact du handicap est encore trop rare en Europe et les effets de possibles interventions mal connues. Il est important de développer la recherche dans ce domaine pour améliorer le quotidien de ces familles et offrir à l’enfant en situation de handicap le meilleur environnement possible pour son développement.