Thèse soutenue

Sacralité, pouvoir, identité : Une histoire du vêtement d'autel : (XIIIe - XVIe siècles)

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Auteur / Autrice : Nadège Bavoux
Direction : Dominique Rigaux
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 25/06/2012
Etablissement(s) : Grenoble
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre de recherche en histoire et histoire de l'art - Italie, pays alpins (Grenoble ; 1991-2015)
Jury : Président / Présidente : Catherine Vincent
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Rigaux, Mario Sensi
Rapporteurs / Rapporteuses : Éric Palazzo

Mots clés

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Résumé

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Cette thèse propose une anthropologie historique de l'objet de culte. Elle s'appuie sur un corpus de 454 chasubles ou orfrois produits entre le XIIIe et le XVIe siècle, croisé avec les témoignages de sources écrites et iconographiques. Elle s'inspire des modèles de « vie de l'objet » et s'intéresse aux fonctions, représentations et usages du vêtement liturgique. Aux derniers siècles du Moyen Âge, le vêtement liturgique est fixé par un ensemble de normes. Sa forme n'évolue que très peu et les autorités ecclésiastiques cherchent à ancrer cet objet dans le rituel. Malgré cela, le vêtement peut changer d'usage, se transmuter en relique, accessoire pour le drame liturgique, parure mortuaire, voire intervenir dans des rites d'inversion du sacré. Il devient par ailleurs un motif à part entière, apparaissant dans des représentations figurées, indépendamment de toute référence à la messe. Une première partie détermine comment le costume liturgique se construit, tant d'un point de vue matériel qu'idéel. Les autorités ecclésiastiques cherchent à définir une apparence cléricale et à légitimer l'emploi d'ornements spécifiques à la messe. Il imposent un certain nombre de pratiques qui tendent à sacraliser le vêtement. Il n'en est pas moins vrai que le domaine de la production, de la commande à la fabrication, laisse une large place aux laïcs. La seconde partie est centrée sur les fonctions du costume liturgique dans son environnement (in situ), c'est-à-dire dans le contexte visuel du lieu de culte. Le vêtement liturgique ainsi que les images dont il est le support sont considérés comme des éléments de performativité du rite. Le costume est analysé comme une représentation de l'Église en prière. Une troisième partie considère les transferts d'usage, l'aptitude de l'objet de culte à devenir autre : un emblème - partie prenante de la construction d'une identité cléricale, d'une « propagande ecclésiastique » - ou un objet efficace. Le chapitre 9, qui vient clore cette partie, s'intéresse au désir d'avilir le vêtement, de le tourner en dérision ou de le profaner. En conclusion, ce travail montre que les ornements liturgiques acquièrent une dimension symbolique. Ils sont sacralisés et se chargent de puissance. De façon très schématique, cet ustensilia (objet utilitaire) devient un ornamentum, un élément qui distingue le clerc dans sa fonction (au moment de la messe) et par sa fonction (dans l'iconographie notamment).