Thèse soutenue

Croyances et comportements de sécurité des usagers et agents du trafic routier : une étude des perceptions et de l'explication naïve des accidents de la route au Cameroun.

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Robert Ngueutsa
Direction : Dongo Rémi Kouabenan
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 12/11/2012
Etablissement(s) : Grenoble
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoire interuniversitaire de psychologie - Personnalité, cognition et changement social (Grenoble ; 2005-...)
Jury : Président / Présidente : Pascale Desrumaux
Examinateurs / Examinatrices : Dongo Rémi Kouabenan, Philippe Sarnin
Rapporteurs / Rapporteuses : Catherine Hellemans, Alain Somat

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

La présente thèse envisage de cerner les comportements des Camerounais sur les routes.En l’occurrence, nous voulons savoir comment les croyances fatalistes, les croyances decontrôle, les croyances au contrôle divin, les croyances et valeurs culturelles, l’explicationnaïve des accidents et la perception du risque peuvent affecter les comportements des usagerset agents du trafic routier au Cameroun. Cinq études sont réalisées dans le cadre de notrethèse. La première étude examine 522 procès-verbaux d’accidents réels et montre qu’unegrande majorité des accidents surviennent dans de bonnes conditions de conduite. De plus, lesconducteurs se rejettent mutuellement la faute, mais s’accordent avec les gendarmes pour direque le comportement des conducteurs est la première cause des accidents de la route auCameroun. Une deuxième étude évalue la variation des comportements en fonction des explicationscausales et des croyances, sur un échantillon de 525 participants. On observe que lesparticipants présentent davantage des comportements sécuritaires lorsqu’ils expliquent lesaccidents par le comportement des conducteurs, mais leurs comportements tendent à êtremoins sécuritaires lorsqu’ils expliquent ceux-ci par des causes externes non contrôlables. Lesexplications causales tendent à être externes aux conducteurs lorsque les participants sontfatalistes, croient qu’ils peuvent affronter les situations de trafic dangereuses sans en êtreinquiété, croient que Dieu contrôle les situations dangereuses auxquelles ils peuvent faire faceou lorsqu’ils adhèrent fortement aux croyances et valeurs culturelles. En particulier, lescroyances et valeurs culturelles qui sont supposées protéger la vie, les croyances fatalistes etles croyances au contrôle divin se distinguent par leur capacité à favoriser l’explication desaccidents par des forces invisibles et à induire des comportements insécuritaires. Enfin, le rôlemédiateur des explications causales se révèlent pour toutes les croyances.A partir d’une quasi-expérimentation réalisée auprès de 444 participants, l’étude 3analyse la variation des explications causales et de l’attitude vis-à-vis des mesures deprévention, en fonction de la pertinence situationnelle, de la pertinence personnelle et de lagravité de l’accident. On observe que les participants ont tendance à fournir des explicationscausales défensives d’autant plus que la situation accidentelle leur est pertinente, qu’ilss’identifient à la victime et que l’accident est grave. De plus ils ont une préférence pour desmesures de prévention orientées vers les conducteurs lorsqu’ils expliquent les accidents par lecomportement de ces derniers. L’étude 4 montre une tendance à adopter des comportements moins sécuritaires lorsque les participants sous-estiment le risque routier. En outre, ces derniers ont tendance à sousestimer le risque lorsqu’ils sont fatalistes alors qu’ils ont davantage peur du risque lorsqu’ils sont attachés à leur identité culturelle. Enfin, les participants ont tendance à se croire capables d’affronter le risque routier sans en être inquiété lorsqu’ils croient que Dieu contrôle lessituations dangereuses ou lorsqu’ils croient aux pratiques culturelles supposées protéger lavie. Dans l’étude 5, on montre que les participants ont tendance à adopter descomportements davantage sécuritaires lorsqu’ils ont une perception élevée du risque etexpliquent les accidents par des causes contrôlables. Par contre, ils se montrent plutôtimprudents sur les routes lorsqu’ils ont une perception élevée du risque et croient que lesaccidents sont causés par des forces invisibles. Les résultats vont dans le sens des travaux antérieurs et sont discutés en rapport avec les connaissances théoriques. Enfin, des suggestions encouragent une prévention fondée sur les croyances de la population cible.