Prévention et résolution des crises de la dette souveraine : la décentralisation en question.
Auteur / Autrice : | Claire Barraud |
Direction : | Faruk Ülgen |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 10/12/2012 |
Etablissement(s) : | Grenoble |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences économiques (Grenoble ; 1999-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre de recherche en économie de Grenoble |
Jury : | Président / Présidente : Ramón Tortajada |
Examinateurs / Examinatrices : Faruk Ülgen | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Eric Berr, Jérôme Sgard |
Mots clés
Résumé
Cette thèse cherche à savoir si la méthode décentralisée, officiellement mise en avant dans la gestion des crises de la dette souveraine depuis leur origine, est non seulement réalisable, mais également efficace en termes de répartition équitable du fardeau de la dette. Nous définissons en effet un processus de restructuration efficace comme une procédure de courte durée (inférieure à un an) et qui respecte les besoins des deux parties prenantes au contrat. Si du côté des créanciers, la décote ne doit pas être abusive, du côté du débiteur, la dette doit redevenir soutenable, au sens à la fois économique et social du terme. Le terrain d'analyse des processus de renégociation de la dette se concentre exclusivement sur les économies d'Amérique Latine, dans la mesure où elles représentent les débiteurs ayant enregistré le plus grand nombre de défauts au cours de l'histoire. À travers une méthode pluridisciplinaire, nous défendons finalement la thèse selon laquelle l'échec des différents processus de restructuration est directement subordonné à l'iniquité du partage du fardeau de la dette, laquelle fait suite à un déséquilibre des pouvoirs de négociation inhérente au cadre de gestion décentralisée. Notre posture macroéconomique et notre démarche inductive induisent un cadre d'analyse socio-économique, lequel fait appel à un approfondissement historique, en termes d'économie politique, mais également à une étude basée sur la psychologie sociale. La thèse est structurée autour de deux parties, elles-mêmes subdivisées en deux chapitres. La première partie s'attache à comprendre les origines et les modalités de prévention et de gestion des crises, ainsi que leurs échecs. Elle conjugue de fait l'observation empirique et les soubassements théoriques de la décentralisation. De fait, le premier chapitre fait état, au vu de la double responsabilité à l'œuvre dans le déclenchement et l'enlisement dans la crise, de l'échec de la méthode décentralisée sur le long terme. En effet, non seulement la décentralisation apparaît inapplicable, puisqu'une tierce partie est systématiquement contrainte d'intervenir, mais elle ne permet pas non de plus de répartir équitablement les coûts de la crise. Le second chapitre cherche consécutivement à comprendre pourquoi ce processus de restructuration est néanmoins maintenu. L'économie politique de la décentralisation montre alors que le choix entre la régulation et le « laissez-faire » ne tient pas tant à des critères d'efficacité économique qu'à des considérations idéologiques et politiques. La deuxième partie de cette thèse propose symétriquement des pistes de réflexion afin de pallier les principaux écueils relevés lors des différents épisodes de défaut et de restructuration. Ainsi, si le troisième chapitre répond au second, le quatrième fait écho au premier. En effet, le troisième chapitre montre que la décentralisation ne peut aboutir en raison non seulement de ses écueils techniques, mais surtout de la nature des deux parties au contrat. L'immunité souveraine ayant été relativisée dans les deux premiers chapitres, il s'agit ici d'analyser le fonctionnement des marchés selon une méthode alternative au concept d'efficience. C'est la raison pour laquelle nous faisons appel aux préceptes de Keynes (1936) et de son analyse en termes psychosociaux, que nous approfondissons au travers du courant de la finance comportementale. Une telle étude révèle ainsi l'incapacité des créanciers à s'organiser de bonne foi, laquelle représente pourtant la condition sine qua non de la réalisation et de l'efficacité de la méthode décentralisée. Par conséquent, le dernier chapitre de ce travail conclue sur la nécessité d'un revirement en faveur d'une approche plus centralisée, laquelle inclut une tierce partie neutre, compétente et institutionnalisée.