Thèse soutenue

Financiarisation, gouvernance actionnariale et crise économique : une approche monétaire, la problèmatique de la viabilité.

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Auteur / Autrice : Remi Stellian
Direction : Faruk ÜlgenSergio Rossi
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 29/11/2012
Etablissement(s) : Grenoble en cotutelle avec Université de Fribourg (Fribourg, Suisse)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences économiques (Grenoble ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche en économie de Grenoble
Jury : Président / Présidente : Ramón Tortajada
Examinateurs / Examinatrices : Faruk Ülgen, Jaime de Melo
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean Cartelier, Heinrich Bortis

Résumé

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Cette thèse cherche à savoir dans quelle mesure une crise économique peut résulter d'une dimension particulière de la financiarisation : la gouvernance actionnariale. La financiarisation est la structuration inédite de certaines composantes des activités économiques par un système financier libéralisé à partir des années 1970. Parmi les composantes concernées figure la gestion des entreprises. Sa financiarisation consiste à réduire autant que possible les dépenses de production tout en privilégiant l’endettement comme mode de financement. L’objectif est de générer autant de revenus que possible pour l’actionnaire, sous forme de dividendes et de gains en capital. C'est pourquoi une telle gestion est qualifiée de gouvernance actionnariale. Une démarche en quatre étapes est suivie. En premier, la littérature existante est soumise à la critique. Le problème posé est généralement résolu à partir de modèles formalisant des marchés équilibrés, mais la formation de tels marchés est à peine prouvée. Ce biais n'est pas nouveau et affecte la théorie économique dans son ensemble. La résolution peut donc s’appuyer sur un modèle représentant les activités économiques sans référence à des marchés équilibrés. La seconde étape est de construire cette représentation. Cette dernière peut s’organiser autour de la monnaie, c’est-à-dire une approche monétaire des activités économiques. Ces dernières sont saisies à partir des paiements interdépendants rendus possibles par l’utilisation de la monnaie, en tant qu'unité d'expression des paiements et moyen de les effectuer. Les paiements sont mis en relation avec trois composantes : i) le mode d’émission de moyens de paiement, typiquement le crédit bancaire ; ii) le règlement des déficits résultant des paiements (crédits bancaires non totalement remboursés, faute d'avoir enregistré suffisamment de paiements) ; et iii) la modification des paiements d'une période à l'autre par les agents, afin de les ajuster à leurs objectifs et contraintes. Ces modifications produisent une évolution du réseau de paiements formé à chaque période.La troisième étape est de modéliser un réseau de paiements en évolution. Un système d’équations non-linéaires de récurrence détermine chaque paiement parmi une typologie préalablement établi, ainsi que son mode de financement. Le système détermine aussi le règlement des déficits résultant des paiements. Les multiples récurrences produisent l’évolution. Le tout est saisi en faisant abstraction des biens et des phénomènes afférents, conformément à une approche monétaire. La quatrième étape est de mobiliser le modèle pour résoudre le problème. La crise peut être le résultat de l'évolution elle-même. Des agents modifiant leurs paiements peuvent conduire d’autres agents à enregistrer des déficits. Le réseau de paiements peut donc évoluer de manière à ce que des entreprises soient insolvables. Les faillites subséquentes peuvent être en nombre suffisant pour diminuer la production et de l'emploi, d’où la crise économique. Une telle évolution est définie comme non-viable. Savoir si la gouvernance actionnariale est un facteur de crise revient donc à savoir si la gouvernance actionnariale implique une évolution non-viable du réseau de paiements. Des simulations numériques sont effectuées, avec notamment des sous-configurations de paramètres associées à une plus ou moins grande diffusion de la gouvernance actionnariale parmi les entreprises. Le modèle produit le résultat général suivant : soit la gouvernance actionnariale génère une crise, soit elle rapproche de cette situation, soit la crise se produit indépendamment de la gouvernance actionnariale. Ce résultat vaut quel que soit le degré de diffusion de cette gouvernance parmi les entreprises. Ce résultat vaut également en l'absence d'épargne et avec l'endettement des salariés, contrairement aux modèles déjà existants mais sujets au biais conceptuel relatif à la formation des marchés équilibrés.