Thèse soutenue

Séduire les femmes pour s’apprécier entre hommes : une socio-anthropologie des sociabilités masculines hétérosexuelles au sein de la Communauté de la séduction en France

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Auteur / Autrice : Mélanie Gourarier
Direction : Marie-Élisabeth Handman
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie sociale et ethnologie
Date : Soutenance en 2012
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Résumé

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Cette thèse porte sur un groupe apparu en Californie dans les années 1990 nommé la ''communauté de la séduction''. Originairement organisée en groupe de parole d'hommes, reprenant le modèle émergent du coaching et du développement personnel, la communauté de la séduction s'est progressivement déployée à l'échelle internationele grâce à l'important essor des réseaux sociaux numériques. L’enquête s’est portée simultanément sur l’observation des espaces « en ligne » et « hors ligne » où s’apprend une séduction et s’entretiennent les sociabilités de groupe. Le terrain a ainsi consisté à suivre les séminaires consacrés à la séduction organisés par les coachs dans divers espaces parisiens (cafés, salles de réunion, etc. ), ainsi que les discussions conduites entre les apprentis séducteurs sur les sites Internet et les blogs de la Communauté. Afin de compléter ce corpus une série d’entretiens suivis a été menée avec une dizaine d’interlocuteurs durant les trois années de l’enquête. L’importante littérature grise produite par le groupe au travers d’articles et de livres, constitue un dernier mode de recueil des données. Fondant mes analyses sur une expérience ethnographique de longue durée, je montre comment l’entre-soi masculin et la production de la masculinité, déterminants implicites et majeurs du groupe étudié, sont masqués sous ce qui finit par apparaître davantage comme un prétexte qu’un enjeu : le rapport aux femmes. Postulant que l’invisibilité du masculin n’est pas seulement le résultat de sa « neutralité » sociale – en tant que référent universel – mais une de ses qualités sociales, j’interroge les obstacles à une analyse sociologique de la masculinité et l’intérêt épistémologique d’emprunter un concept tel que celui de « masculinité hégémonique », reprise de l’hégémonie gramscienne par Connell, afin de penser la masculinité comme un processus intriqué dans la question du pouvoir.