Là que la mort vit : sur les théâtres de Jon Fosse, Sarah Kane et Rodrigo García
Auteur / Autrice : | Vincent Rafis |
Direction : | Giovanni Careri, Maaike Bleeker |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences du langage (option : arts et litteratures) |
Date : | Soutenance en 2012 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS en cotutelle avec Universiteit Utrecht (Utrecht, Nederland) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Mots clés
Résumé
Si le théâtre advient quand se rencontrent les pages pour le dire et les lieux pour le faire, la mort, parce qu’elle est ce qui ne peut ni se dire ni se faire, lui semble en tout point étrangère. Privée de mots et d’images, enveloppée du linceul de la disparition et du silence, elle ne le met jamais qu’au devant d’un néant – de ce néant que n’accommode aucune représentation. Représenter, pourtant, la mort : telle est l’ambition de Jon Fosse, Sarah Kane et Rodrigo García. Par rapport aux conceptions philosophiques, esthétiques et idéologiques qui fuient la réalité de la mort, leur théâtre introduit à un affrontement du pathétique. Arracher la mort à l’interdit, en saisir l’insensé, cerner comment en elle se nouent essentiellement et tout faire et tout dire : la possibilité de leurs œuvres à tous trois se joue dans la possibilité de ce projet, elle lui est attenante et comme ce projet n’est jamais gagné, c’est là également que se joue leur splendeur et leur fragilité. Car faire et dire la mort par les moyens du théâtre, c’est amorcer un retournement dans le travail même du faire et du dire dont les représentations ne sont plus désormais que les traces – que ces traces soient fantômes (Fosse), cadavres (Kane), ou bien déchets (García). En cartographiant ces trois aspects, cette thèse entend comprendre comment, d'une écriture à l'autre, l'insistante rémanence de certains signes et symboles permet d'interroger les schèmes culturels d'un imaginaire de la mort dans l’Europe (post)moderne.