Contester sans organisations : stratégies de mobilisation, question sociale et espace de visibilité dans les grèves de l'industrie textile égyptienne 2004-2010
Auteur / Autrice : | Marie Duboc |
Direction : | Hamit Bozarslan |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 2012 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Résumé
A travers l’étude de protestations ouvrières qui ont eu lieu entre 2004 et 2010, cette thèse analyse les logiques de contestation sociale en Egypte mettant en évidence les modes d’organisation et les stratégies de mobilisation à l’œuvre dans les grèves ouvrières. Alors qu'entre 2004 et 2010 plus de deux millions d’Egyptiens ont protesté sur leur lieu de travail sans la participation de la structure syndicale officielle, qui ne représente pas les intérêts de ses membres, et en marge des partis ou groupes politiques, il existe une tension entre l’absence d’organisations appartenant au cadre formel du champ politique et l’utilisation de modes de contestation qui sont intimement associés à ces organisations. Basée sur une étude ethnographique réalisée dans deux villes du Delta du Nil (Mahalla al-Kubra et Shibin al-Kawm), cette recherche formule l’hypothèse suivante : malgré le contexte autoritaire et l’absence apparente de structures partisanes ou syndicales, l’action collective n’est ni spontanée ni désorganisée, ces deux adjectifs étant pourtant souvent accolés aux manifestations ouvrières, faute d’une connaissance approfondie de leur contexte. Elles sont façonnées par des relations professionnelles, des liens de sociabilité, des dynamiques de genre, de classe – mais aussi par le dépassement de ces dernières en « question sociale » – et par la construction d’une échelle locale de la contestation qui n’exclut pas des logiques d’engagement, de désengagement et d’atermoiement des partis politiques et des groupes militants dans ces mobilisations.