Thèse soutenue

Le regard d'un psychiatre sur les écrits de la folie : la carrière de Hans Steck à l'Asile de Cery (1920-1960)
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Auteur / Autrice : Florence Choquard
Direction : Jacqueline CarroyVincent Barras
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisations
Date : Soutenance en 2012
Etablissement(s) : Paris, EHESS en cotutelle avec Université de Lausanne

Résumé

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Quelles représentations de la schizophrénie les psychiatres vont-ils construire à travers l’étude des écrits asilaires des patients et des scientifiques dans la première moitié du XXème siècle ? Le psychiatre helvétique Hans Steck (1891-1980), qui a travaillé à l’Asile psychiatrique de Cery de 1920 à 1960 et qui s’est fait connaître du public grâce à l’œuvre d’Aloïse Corbaz, reconnue comme auteure d’art brut par Jean Dubuffet en 1945, constitue le fil rouge de la thèse. Dans le contexte des mouvements tels que l’"art psychopathologique" et l’"art brut", Steck étudie les théories de "la mentalité primitive et les peintures magiques des schizophrènes". En 1927, il se tourne vers les théories évolutionnistes de la régression et les premières études de Lévy-Bruhl pour avancer l’idée qu’il existe un "parallélisme schizo-primitif". Puis il développe des explications de la pensée délirante, à partir des théories exposées lors du Premier Congrès International de Psychiatrie en 1950. Enfin, adoptant la perspective phénoménologique, il explique que "la fonction de l’art et la fonction du délire visent à reconstituer un monde viable pour le malade". En ce sens, l’expression artistique, bien que n’entrant pas dans le champ de la psychothérapie, fournit des indicateurs de l’état psychique du malade en même temps qu’elle contribue à son bien-être. Sont abordés les problèmes concernant la reconnaissance de l’"auteur" interné, dont les œuvres appartiennent soit aux archives médicales, soit au musée. La pérennité des critères qui définissent les œuvres d’"art psychopathologique" ou d’"art brut" est également mise en question. Enfin, le rôle essentiel de l’écriture à l’hôpital, tant pour les patients que pour les soignants, fait l'objet de nombreux développements.