Innovation politique et mobilisation de masse en « situation coloniale » : un « printemps algérien » des années 1930 ? : l'expérience de la Fédération des Elus Musulmans du Département de Constantine

Political Innovation and Mass Mobilization in ''Colonial Situation'' : An ''Algerian Spring'' in the 1930s ? : the experience of the Federation of Elected Muslims of the Constantine Department

• Auteur / Autrice : Julien Fromage
• Direction : Omar Carlier
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Histoire et civilisations
• Date : Soutenance en 2012
• Etablissement(s) : Paris, EHESS
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales

Mots clés

Mots clés contrôlés

Fédération des Élus Musulmans du Département de Constantine -- Algérie

Relations extérieures -- France

Politique et gouvernement -- Algérie -- 1900-1945

Nationalisme

Militantisme

1900-1945

Constantine (Algérie)

Algérie

Anti-impérialisme

Mots clés libres

Anticolonialisme

Ittihad

Réformisme

Bendjelloul

Résumé

Au lendemain de l’indépendance algérienne, l’histoire du nationalisme fut centrée sur la continuité des appareils militants algériens ayant résisté à la colonisation, masquant la pluralité des formules militantes et des ambitions politiques déployées par les Algériens en situation coloniale. L’analyse de ce « versant décisif » franchi, selon Jacques Berque, par les mobilisations dans le Maghreb colonisé des années 1930 constitue le cœur de notre enquête. L’expérience de la Fédération des Elus Musulmans du Département de Constantine (FEMDC) nous conduit à envisager la politisation des populations algériennes dans ses dimensions spatiales, sociales et anthropologiques. Républicains et musulmans ces militants jouent un rôle décisif dans la mobilisation de la société colonisée contre le « régime colonial » -artefact abordé comme un objet complexe, produit d’interactions multiples, qui invitent à multiplier les niveaux de lecture de la domination coloniale-. L’engagement de la FEMDC contraint le Gouvernement français à trancher contre l’idéal colonial de « mission civilisatrice » en 1938. Ce refus sonne le glas des aspirations à une « entente franco-musulmane ». Inlassables entrepreneurs de mouvement social, les réformistes algériens, bien que défaits par ce choix, n’en œuvrent pas moins de façon décisive à l’émergence d’une aspiration nationale. Nous souhaitons que cette plongée au cœur des dilemmes militants et des paradoxes créateurs de sens suscités par la situation coloniale aide à mieux comprendre pourquoi l’Est algérien fut ultérieurement le cadre d’évènements fondateurs de la libération nationale, des massacres de mai 1945 au soulèvement des Aurès en 1954.

Following the independence of Algeria, nationalist history has focused on the continuous resistance of Algerian political parties to colonization, hence concealing the plural nature of Algerian militancy and the variety of imagined communities stemming from the colonial situation. Although our approach pays attention to long-term historical processes it mainly focuses on the decisive period of the 1930s. Focused on the experience of the Federation of Elected Muslims of the Department of Constantine our enquiry aims at analyzing the politicization process affecting the Algerian populations spatially, sociologically and anthropologically. Defining themselves as Muslims and Republicans, the Federation militants influence the mobilization of the Algerian society dramatically. They confront a French colonial regime that is itself conceived as a complex artifact, through a multilayered approach of colonial domination. Their protest and the political unrest they foster eventually force the French Government in 1938 to give up the long-term “civilization mission” as the overarching argument justifying the Colonial Republic, in favor of a clearer containment policy to protect immediate colonial interests. Political and social entrepreneurs, the Algerian reformists lose ground as the hope of a democratic reform fades away. They nevertheless pave the way to Algerian nationalism. We hope that this study dealing with the ambiguity and the creative paradoxes stemming from the colonial situation will help understanding why Eastern Algeria later became the major cradle of Algerian liberation, after the 1945 massacres of Setif and Guelma and the nationalist uprising of the Aurès in 1954.