Ambiguïtés du récit sério-comique de Rabelais à Fielding : formation du personnage, mystification du lecteur
Auteur / Autrice : | Mathilde Aubague |
Direction : | Didier Souiller |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Lettres modernes |
Date : | Soutenance le 23/11/2012 |
Etablissement(s) : | Dijon |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale Langages, Idées, Sociétés, Institutions, Territoires (Dijon ; 2007-2016) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures (CPTC) (Dijon) |
Jury : | Président / Présidente : Richard Crescenzo |
Examinateurs / Examinatrices : José-Manuel Losada-Goya, Marie-Thérèse Mourey | |
Rapporteur / Rapporteuse : Francis Assaf, François Lecercle |
Résumé
Notre étude se propose d’analyser les enjeux et les formes de la représentation d’une figure d’auteur dans la fiction narrative comique du XVIe au XVIIIe siècle en Europe. Cette figure, extérieure à la diégèse ou appartenant au personnel narratif, exhibe un discours d’auteur, mime un dialogue avec le lecteur, instaurant une communication narrative fictive avec le lecteur. Cette communication apparaît paradoxale, elle représente une parole orale, problématique dans un texte écrit, et la présence réelle de l’auteur est insituable dans le texte, la figure auctoriale appartenant déjà à l’univers fictionnel. Le dialogue avec le lecteur repose sur une fiction de présence et sur un dispositif rhétorique séducteur dont les enjeux sont pragmatiques. Le récit est donné comme porteur d’enseignements. Il thématise une formation du héros souvent sujette à caution, dont le lecteur doit démêler les enjeux. La structure comique du récit et de l’énonciation contribue à une mystification du lecteur, appelé à interpréter un texte ludique, à la fois comique et sérieux, qui refuse de livrer son sens de façon univoque. Du XVIe au XVIIIe siècle se mettent en place, en relation avec leur contexte d’écriture, les formes d’un genre sério-comique, qui repose sur la parodie et le détournement des codes et des formes de la littérature contemporaine, sur l’instauration d’une attitude intellectuelle ironique et critique et d’une communication fictive avec le lecteur. Nous analyserons les formes de l’ambiguïté énonciative et narrative chez Rabelais, chez l’auteur anonyme du Lazarillo, chez Mateo Alemán, Cervantès, Charles Sorel, Grimmelshausen, Marivaux et Henry Fielding.