Thèse soutenue

Ecriture de l'exil et engagement politique dans le roman caribéen francophone : l'oeuvre romanesque d'Eduardo Manet et d'Emile Ollivier pour exemple

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Auteur / Autrice : Sana Dahmani
Direction : Martine Mathieu-JobFadhila Laouani
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littératures française, francophones et comparée
Date : Soutenance le 24/11/2012
Etablissement(s) : Bordeaux 3 en cotutelle avec Université de la Manouba (Tunisie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Textes, littératures, écritures et modèles (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Jean-Michel Devésa
Examinateurs / Examinatrices : Martine Mathieu-Job, Fadhila Laouani, Habib Salha
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Michel Devésa, Habib Salha

Résumé

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Les instances politiques ont de tout temps exilé leurs adversaires, obligeant les proscrits à rompre avec leurs racines et leur histoire. Et si la littérature de l’exil s’est attachée à peindre la souffrance psychique inhérente à l’expatriation, force est de constater qu’à cette fonction cathartique vient parfois s’ajouter une fonction dénonciatrice. En effet, les hommes de lettres exilés ont parfois fait du verbe une arme redoutable dirigée contre le despotisme politique régnant dans leur pays natal. Cette thèse de doctorat se propose justement d’étudier l’imbrication entre le littéraire et le politique dans les littératures caribéennes francophones de l’exil, et plus précisément dans les oeuvres romanesques respectives d’Eduardo Manet et d’Émile Ollivier. D’origine cubaine, Manet a dû fuir la dictature castriste. Ollivier a pour sa part dû quitter son île natale Haïti pour rompre avec la répression duvaliériste. Les oeuvres de ces deux hommes de lettres sont à l’image du conflit politique de Cuba et d’Haïti, et rendent compte du conflit intérieur qui habite les exilés. Comment se manifeste l’arrachement à la terre natale à travers l’oeuvre des exilés politiques ? Pour ces écrivains politiquement engagés, dire l’exil est-il plus une écriture de la nostalgie qu’une littérature des idées ? Quelles sont les limites de l’engagement politique lorsque l’exilé est coupé de sa patrie et de son lectorat originel des décennies durant ? L’adaptation à la terre d’accueil serait-elle un frein à l’engagement politique ? Ces interrogations et bien d’autres seront au centre d’une partie majeure de la réflexion sur la corrélation entre exil et engagement politique. Dans la première partie de ce travail, l’accent est mis sur les spécificités linguistiques, politiques et géographiques de Cuba et d’Haïti, pour souligner tant la richesse multiculturelle des îles natales des écrivains, que les conditions qui ont donné naissance à cette écriture spécifique chez Manet et Ollivier. Cette partie s’attache à montrer que les soubresauts de l’Histoire collective se trouvent intimement liés aux choix personnels de ces deux hommes de lettres. Dans la seconde partie de ce travail, l’étude des différentes stratégies de résistance déployées par les protagonistes et l’arsenal répressif mis en place par les dictatures a été au centre de la réflexion. Une analyse a été consacrée à un enjeu relatif à toutes les littératures caribéennes à savoir l’identité. Dans les oeuvres à l’étude, l’histoire personnelle des protagonistes se trouve toujours liée à l’histoire collective, et chaque parcours est le reflet d’un questionnement incessant sur les origines, les dérapages politiques et la douleur de l’exil. La troisième partie de la thèse est consacrée à la corrélation entre exil et engagement politique. À travers l’étude des paradigmes de l’exil et son remède le retour, des questions majeures ont été formulées : L’engagement n’est-il pas invalidé par l’éloignement de la terre natale et du lectorat originel ? Et dans quelle mesure l’histoire convulsive et éclatée des Caraïbes prend-elle forme aujourd’hui à travers la langue française ? Même si cette thèse est consacrée à l’analyse d’oeuvres littéraires, une étude socio-historique de Cuba et d’Haïti a été entreprise. Cette étude s’est attachée à mettre en exergue le long passé de militantisme commun à ces deux anciennes colonies qui ont triomphé de l’esclavage et de la colonisation. L’histoire est de ce fait une donnée centrale pour l’identité cubaine et haïtienne, mais cet aperçu historique a été mis en annexes vu son caractère plus socio-historique que littéraire.