Le visage, entre accusatif et nominatif : de la phénoménologie à l'herméneutique de la relation
Auteur / Autrice : | Nathalie Dugravier-Guérin |
Direction : | Claudie Lavaud |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 22/06/2012 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Sciences, Philosophie, Humanités (Bordeaux) |
Jury : | Président / Présidente : Emmanuel Falque |
Examinateurs / Examinatrices : Jérôme Porée, Maryse Dennes | |
Rapporteur / Rapporteuse : Emmanuel Falque, Jérôme Porée |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Le visage, tel que le pense Levinas, échappe à tout pouvoir, à toute explication, à toute compréhension. Hors de la visée husserlienne que Levinas interprète comme réduction de l’autre au même (égologie), le visage se dérobe à son apparence physique – et se fait commandement (« Tu ne tueras pas »). À cette injonction ne peut répondre un sujet qu’à l’accusatif (le « Me voici » abrahamique), laissant en suspend toute relation. Si le visage disparaît dans sa Hauteur, instituant le je comme répondant à l’accusatif, la rencontre entre deux visages ne peut se faire – Autrui est sauvé par sa non-reconnaissance. Le prix à payer pour sauver l’altérité est celui de la relation – le je n’est pas visage. Le problème ouvert par Levinas est double ; un problème ontologique, d’une part : comment peut-on penser un sujet répondant à (et d’) autrui au nominatif, afin de fonder en droit la possibilité d’une relation intersubjective? Peut-on imaginer Abraham répondant « Je suis là » ? Ce problème ontologique croise un second problème d’ordre méthodologique : la position du visage comme phénomène est un défi lancé par Levinas à toute phénoménologie – tâche qu’il entreprend cependant. Comment faire la phénoménologie d’un non-phénomène ? C’est le point de relève d’une herméneutique du visage. Si celui-ci échappe de jure à toute description phénoménologique, c’est par le surcroît de sens dont il témoigne, et que seule une herméneutique peut chercher, et désigner. Au-delà d’une explication réductrice et d’une impossible connaissance du visage, y a-t-il place pour une reconnaissance de celui-ci ? La reconnaissance doit être ici envisagée en ses diverses acceptions : identification (par la nomination), dont le sens ultime se révèlerait, malgré le soupçon que pose Derrida, par la reconnaissance-gratitude. C’est donc à l’herméneutique – c'est-à-dire au « conflit des interprétations », selon le mot de Ricœur, que serait confiée la double charge de tracer un espace intersubjectif, ouvert à l’altérité et au sujet, espace accueillant le sens dans la multiplicité de ses significations (singulières, culturelles, universelles...), d’une part, et d’en chercher les différentes modalités relationnelles non aliénantes, d’autre part, afin de garantir une rencontre entre un je et un tu, respectueuse des deux visages.