Thèse soutenue

L'art de la guerre au temps des croisades (491/1098 - 589/1193) : Du théocentrisme irrationnel aux influences mutuelles et adaptations pragmatiques dans le domaine militaire

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Alan Tami
Direction : Sobhi BoustaniSamaha Khoury
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Cultures & sociétés dans le monde arabe et musulman
Date : Soutenance le 13/04/2012
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Michel Bozdémir
Examinateurs / Examinatrices : Najib Mansour Zakka, Ahmed Khaneboubi
Rapporteurs / Rapporteuses : Michel Bozdémir, Najib Mansour Zakka

Résumé

FR  |  
EN

Jusqu’aux croisades, les rencontres entre l’Orient musulman et l’Occident chrétien avaient été réduites à des échanges commerciaux anecdotiques ainsi qu’à de rares pèlerinages en Terre sainte. Et alors que les musulmans méprisaient souverainement des peuplades septentrionales vouées, selon eux, à l’égarement et à l’ignorance, les Occidentaux avaient fait de la jeune religion orientale et de ses sectateurs l’Antéchrist de leur eschatologie apocalyptique. Tous étaient imprégnés d’un théocentrisme intransigeant ne laissant aucune place à un Autre ignoré ou abhorré, si ce n’est celle de l’Ennemi. Il fallut donc une guerre généralisée entre ces deux ensembles civilisationnels aux antipodes pour qu’enfin ils se rencontrent et se côtoient durablement, jusqu’à estomper en partie des préjugés et des images déformées longtemps entretenus. Paradoxalement, la guerre et ses principales émanations (la stratégie, la tactique, l’armement et l’architecture militaire) allaient être les causes d’une meilleure connaissance mutuelle. En cherchant à répondre au mieux au défi militaire lancé par l’adversaire, chacun fut contraint de scruter les intentions, la mentalité, et surtout l’art de la guerre de l’autre ; ainsi, on n’hésita pas à en copier les concepts et les procédés jugés profitables, de même que les deux camps firent montre, dans ce domaine, d’une adaptabilité multiforme exceptionnelle. En somme, loin de la vision répandue présentant les croisades comme des conflits séculaires purement religieux ayant opposé de manière manichéenne deux conceptions monolithiques et hermétiques du monde et de la guerre, il semblerait en réalité que la Syrie du XIIe siècle fut d’abord un creuset d’échanges dans lequel le maître mot était "pragmatisme".