Thèse soutenue

« Quand dire, c’est être ! » : anthropologie de la parole au sein de la communauté Manouche

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Auteur / Autrice : Bertrand Lerossignol
Direction : Bernard Cherubini
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociétés, Politique, Santé publique. Ethnologie. Anthropologie sociale et culturelle
Date : Soutenance le 12/12/2012
Etablissement(s) : Bordeaux 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....)
Jury : Président / Présidente : Marc-Éric Gruénais
Examinateurs / Examinatrices : Bernard Cherubini
Rapporteurs / Rapporteuses : Patrick Williams, Alain Reyniers

Mots clés

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Résumé

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L’auteur retranscrit vingt-cinq années de vie vécues parmi la communauté dite « des gens du voyage ». Il a fait le choix de s’attacher à présenter la construction sociale dans la communauté. Cette organisation permet de maintenir la cohésion dans les groupes. L’intitulé de la thèse est parfaitement démontré dans le texte riche de moments forts, de descriptions précises, au terme de l’exercice universitaire, le paradigme, « quand dire c’est être » est avéré. Etranger à cette culture, l’anthropologue choisit la réflexivité comme outil d’analyse, il en ressort une vision exacerbée de ce qui fait la culture Manouche. En trois parties, l’auteur développe, sous la forme de son initiation dans la communauté, les étapes de la construction sociale de l’individu pour qu’il devienne conforme aux valeurs Manouches. L’accès à la parole n’est pas inné, mais acquis au fur et à mesure de la croissance naturelle de l’individu dans la communauté. Ce dernier apprend les qualités de la parole, il s’exerce à « bien parler », à « tenir sa bouche », à « parler de sa hauteur ». Personne dans toute la communauté Manouche n’a le monopole de la parole, lorsqu’un individu parle, il engage sa personne, son rang, sa renommée, mais ne peut pas parler au nom des autres, sans que cela ne soit considérer comme un excès de pouvoir. La communauté règle ses relations par l’usage d’un concept endogène appelé « i era », ce qui se traduit en français, comme « le respect ». Cette notion sociale régit tous les rapports entre les différents rangs sociaux, dans les relations sexuées, dans les comportements des uns envers les autres, des groupes envers d’autres groupes, c’est une notion partagée par l’ensemble des Manouches. Les Manouches construisent un espace de vie, qui va de la sphère la plus petite celle du foyer, la caravane, vers la sphère de la place, l’ensemble de caravanes juxtaposées, intégrée dans la sphère large du Monde, l’ensemble des individus qui vivent comme eux, ceux qui leur ressemblent. Au-delà de ce territoire il n’y a rien que la société englobante ou majoritaire dont les Manouches tirent leurs subsistances en y établissant des relations économiques. Pour construire la frontière entre ce qui est leur Monde et le reste des individus, les Manouches construisent dans le discours l’altérité. Celui qui n’est pas Manouche est, comme l’a choisi l’auteur, qualifié de « yalo », le « cru ». Au terme de ce travail universitaire, l’auteur ouvre pour l’anthropologie sociale des thèmes de recherche pour la science dans les notions d’identité, de pluralité des identités, de construction de territoires, l’espace Manouche, les sphères de vie, la construction de l’échange, l’usage de la langue Manouche. Un document scientifique sanctionné par la mention très honorable.