La circulation dans les Alpes à l'époque romaine : l'exemple des Alpes Cottiennes
Auteur / Autrice : | François Artru |
Direction : | Antonio Gonzales |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance le 28/09/2012 |
Etablissement(s) : | Besançon |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale Langages, Espaces, Temps, Sociétés (Besançon ; 1991-2016) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut des sciences et techniques de l'Antiquité (Besançon) |
Jury : | Président / Présidente : Colette Jourdain-Annequin |
Examinateurs / Examinatrices : Antonio Gonzales, Colette Jourdain-Annequin, Pascal Arnaud, Thierry Luginbühl, Giovanni Mennella |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L’étude vise à apprécier l’importance exacte du système routier du Mont-Genèvre et de l’entité administrative des Alpes Cottiennes dans les relations transalpines à l’époque romaine. Une première partie, sorte d’introduction à la circulation alpine dans l’Antiquité, envisage successivement les sources documentaires, en particulier la Table de Peutinger, les nouvelles données paléoenvironnementales, l’exploitation du trafic comme élément fondateur du découpage territorial préromain, la part du mythe et des connaissances réelles dans l’image des Alpes chez les Romains et, enfin, les conditions pratiques de déplacement dans le massif alpin. Tout au long des cinq siècles de domination romaine sont analysées les relations entre les évènements politico-militaires, la géographie administrative et le réseau viaire de la région étudiée. Le passage du royaume indigène indépendant à la préfecture romaine est revu à partir d’une remise en question de l’idée d’un vaste royaume préexistant à la conquête augustéenne et de la prétendue hostilité initiale de Cottius envers Rome. Parmi les arguments qui plaident pour une alliance de Cottius et d’Auguste vue comme un préliminaire à la conquête alpine et non comme son dernier acte, l’accent est mis sur le degré avancé de romanisation des Cottii, de la cité de Suse et de la voie du Mont-Genèvre. Le témoignage d’Ammien Marcellin sur la résistance du roi de Suse est récusé et le passage de Pline sur ‘les douze cités cottiennes qui ne furent pas hostiles’ interprété en faisant l’hypothèse de deux états successifs de la préfecture de Cottius.Il est montré ensuite comment, au cours des cinq siècles qui ont suivi la création de la préfecture, la voie du Mont-Genèvre demeura la voie transalpine la plus commode et, sans doute, la plus utilisée de toutes les Alpes occidentales. L’effet déterminant du développement du réseau routier cottien sur la municipalisation, la romanisation et l’économie des hautes vallées est mis en relief. La possibilité du passage de l’activité d’élevage de montagne à un stade productiviste basé sur la pratique de la transhumance est envisagée. Parmi les aspects du trafic transalpin sont abordées la place primordiale du cursus publicus, l’organisation douanière de la région et l’arrière-plan religieux des déplacements en montagne. La mise en évidence d’un véritable ‘système routier du Mont-Genèvre’, aménagé à partir de l’époque préfectorale, s’appuie sur l’étude de la carte archéologique et sur une prospection de terrain. Celle-ci a porté d’abord sur la voie du Mont-Genèvre, révélant pour le secteur durancien un tracé différent de celui envisagé par les rares études antérieures. De nombreux arguments sont rassemblés en faveur de l’existence d’une voie romaine franchissant le col du Petit Mont-Cenis et conduisant au limes rhénan. En ce qui concerne la voie qui empruntait probablement le col de Larche, le tracé proposé franchit sans grande difficulté le prétendu obstacle de la basse vallée de l’Ubaye. Deux autres voies du système du Mont-Genèvre ont été étudiées en détails. Sur la voie du col du Lautaret sont apportés quelques éléments nouveaux, en particulier dans la zone de la Porte Romaine de Bons et dans celle de la section taillée près de Bourg d’Oisans. Quant à la voie tracée sur la Table de Peutinger entre Luc-en-Diois et le Mont-Genèvre, elle fait l’objet d’un examen graphique sur le document et de reconnaissances sur le terrain, sans réussir à démontrer la réalité de cette liaison.