Effets de la frontière tuniso-libyenne sur les recompositions économiques et sociales des Werghemmas de la possession à la réappropriation des territoires. : De la possession à la réppropriation des territoires
Auteur / Autrice : | Rafaâ Tabib |
Direction : | Pierre Signoles, Sophie Caratini |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Géographie |
Date : | Soutenance le 22/12/2011 |
Etablissement(s) : | Tours |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Tours ; 1996-2018) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Cités Territoires Environnement et Sociétés (Tours ; 2004-....) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Philippe Bras |
Rapporteurs / Rapporteuses : Ridha Lamine |
Mots clés
Résumé
La J’farra, région traversée par la frontière tuniso-libyenne constitue le territoire historique des confédérations tribales ; les Werghemmas et les Nouaïels. Depuis près d’un siècle, elle connaît un ensemble de mutations qui affectent aussi bien les modes d’exploitation des ressources que le paysage. D’une région principalement pastorale, dominée par une organisation sociale tribale et nomade, la J’farra a connu une période de marginalité économique avant de devenir, depuis l’année 1989 la terre de la contrebande. Toutefois, malgré l’expansion spectaculaire des activités informelles, la J’farra n’est pas uniquement une aire de tolérance établie par les autorités, ni une zone d’exemption économique ou d’exception juridique, mais un territoire où s’articulent des revendications émanant des groupes tribaux locaux, des formes de subversion de la frontière, des activités informelles de diverses formes inhérentes à la mondialisation des échanges et des représentations symboliques ancrées dans les valeurs du passé. La frontière, jadis infranchissable, a contribué à la déstructuration des territoires tribaux, au dépérissement des modes de valorisation des ressources locales. Cet état de fait s’est aussi accompagné par des politiques de sédentarisation des anciens nomades qui ont certes atteint des seuils relativement avancés, mais ne sont jamais parvenus à éradiquer les anciennes constructions territoriales et à dissoudre les identités qui leur étaient afférentes. Cette situation inachevée a permis, lorsque les réseaux tribaux locaux ont réussi à créer une nouvelle réalité économique grâce aux activités informelles autour de la frontière, que s’engage un début de re-territorialisation inverse. Les réseaux sont animés principalement par une catégorie particulière ; les aâmem. Toutefois, le territoire émergeant dans la J’farra n’est pas homogène et donne lieu à une série d’affrontements. La transgression de la frontière, la banalisation de son franchissement par les descendants des anciens nomades, la réactivation des anciennes solidarités tribales au sein de réseaux commerciaux informels transfrontaliers et l’intégration au marché globalisé, ouvrent la voie à la réinvention, selon de nouvelles pratiques, de l’ancienne « conception de vivre » de la population de la J’farra et de son territoire.