Entre norme et identité, le CODOFIL et les programmes louisianais d’immersion en français
Auteur / Autrice : | Jérôme Degrave |
Direction : | Nathalie Dessens |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langues, littératures et civilisations anglo-saxonnes |
Date : | Soutenance le 10/11/2011 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Arts, Lettres, Langues, Philosophie, Communication (Toulouse) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Michel Lacroix |
Examinateurs / Examinatrices : Anne Rohr | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Robert Chaudenson, Bernard Genton |
Mots clés
Résumé
La Louisiane présente la particularité de posséder la seule agence d’État dont le rôle consiste à préserver et diffuser une langue minoritaire, en l’occurrence le français. Le CODOFIL (Conseil pour le Développement du Français en Louisiane) fut créé en 1968 par la loi 409 du Congrès de Louisiane. Son président fondateur, James « Jimmy » Domengeaux était persuadé que la réintroduction du français dans les écoles, à raison de trente minutes quotidiennes (dans le cadre d’un programme de Français Langue Seconde ou FLS), permettrait de freiner le déclin de cette langue, chassée des établissements scolaires par la constitution de 1921. Sa décision d’importer un corps enseignant étranger, majoritairement issu de France, de Belgique et du Québec afin d’enseigner le français international et non le vernaculaire louisianais, allait entraîner une rupture profonde entre la population francophone et le CODOFIL, sans pour autant ralentir la baisse du nombre de locuteurs cadiens. Cette situation poussait alors certains chefs d’établissement et parents d’élèves, dans les années 1980, à demander la création de programmes d’immersion française où les élèves reçoivent un enseignement des matières principales en français. Le succès constant de ces programmes (ils scolarisent aujourd’hui plus de 3.400 élèves en Louisiane) devrait logiquement en faire le fer de lance de l’action du CODOFIL car, au contraire du programme de FLS (dont les effectifs sont pourtant six fois plus importants), les classes d’immersion produisent véritablement des francophones. Une enquête présentée dans ce travail et menée auprès de 49 professeurs étrangers exerçant dans ces classes montre que tel n’est pas le cas et que le CODOFIL ne s’implique pas dans le volet pédagogique relatif aux programmes d’immersion et laissent aux enseignants étrangers le soin d’inclure, ou non, des séquences à vocation identitaire dans leur progression, tâche pour laquelle ils ne reçoivent aucune formation émanant du CODOFIL. Ce dernier se contente d’un rôle administratif de pourvoyeur de visas. La conséquence majeure de cette politique est l’absence presque totale de la langue et de la culture cadiennes dans les salles de classe. Une loi adoptée en juin 2010 par le Congrès de Louisiane, alors que ce travail de recherche était en cours, est venue modifier la mission du CODOFIL et établir l’enseignement immersif comme un de ses objectifs prioritaires : le législateur considère désormais que diffusion du français, programmes d’immersion et intérêt économique de l’État sont étroitement liés.