Petőfi et Martí, deux poétes de l'Apocalypse : étude comparative et contrastive du lexique de la fin des temps dans l'œuvre des deux poètes révolutionnaires
Auteur / Autrice : | Alexandre Bereczki |
Direction : | Andrée Mansau, Bertrand Boiron |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française et comparée |
Date : | Soutenance le 23/09/2011 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Arts, Lettres, Langues, Philosophie, Communication (Toulouse) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Modesta Suárez, Paule Vincenette Bétérous |
Rapporteur / Rapporteuse : André Lorant, Mihály Szegedy-Maszák |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Quel rapport entre Petőfi et Martí, deux poètes du XIXème siècle, et l’apocalypse? Sándor Petőfi (1823-1849), poète, écrivain et orateur hongrois, fut le fer de lance de la révolution hongroise de mars 1848, contre le régime des Habsbourg. José Martí (1853-1895), poète, écrivain et homme politique cubain, fut le créateur du Parti Révolutionnaire Cubain, en 1892, en exil, depuis New York, d’où il organisa la lutte armée contre les troupes espagnoles qui occupaient alors Cuba. Leurs écrits, fortement engagés dans le sens commun d’une lutte pour libérer leur peuple opprimé par une force tyrannique - les Habsbourg, en Hongrie, l’Espagne coloniale, à Cuba -, et pour la création d’une « république parfaitement égalitaire », selon les visées de Petőfi, et d’une « république juste », selon celles de Martí, contiennent un grand nombre de termes, d’expressions, de symboles et d’allusions apocalyptiques, dont la majorité appartient en propre au texte de l’Apocalypse mais également à d’autres livres de la Bible. Comment Petőfi et Martí ont-ils utilisé tout ce « réservoir » de mots et de symboles spécifiques, qui forme un « lexique de la fin des temps » ? Les deux poètes se présentent comme des visionnaires et parlent comme des prophètes. Pour son époque, Petőfi a prédit la fin désastreuse de la guerre d’indépendance hongroise en 1849, mais aussi a désigné un point final de l’histoire, quand surviendra le grand combat du bien contre le mal, après une « mer de sang », avec la victoire finale du bien, qui permettra l’avènement de la société idéale. Selon lui, le renouveau ne pourra se réaliser sans effusion de sang : la Révolution française fut le premier pas de la marche de l’humanité vers son âge adulte, quand elle a abandonné ses anciens jouets, les rois ; suivront d’autres révolutions, encore plus sanglantes – on peut penser à la révolution bolchevique de 1917 -, jusqu’à l’arrivée d’une ultime révolution. Martí a prédit la naissance de « Babylone la Grande » d’ Apocalypse 17, 5, la société moderne de consommation où tout va très vite et où l’amour est désacralisé, où la vie n’a plus aucun sens et où l’idée de Dieu devient confuse, ce qu’il a appelé le « démembrement de l’esprit humain » et la « décentralisation de l’intelligence », soit la société désacralisée alors émergente à la fin du XIXème siècle, avec le début de ses dérives actuelles : les monopoles économiques et les premiers démons de la mondialisation. Martí critique même le libéralisme et tous ses excès, déclarant que les hommes, de même qu’ils furent pendant longtemps les esclaves des tyrans, sont désormais devenus les esclaves de la liberté. Ainsi, Petőfi et Martí ont construit une véritable eschatologie, avec trois temps forts : la crise, le jugement et la justification.