Thèse soutenue

Etude préclinique du potentiel thérapeutique des stéroïdes neuroactifs endogènes dans les douleurs pathologiques

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Auteur / Autrice : Maya Aouad
Direction : Pierrick Poisbeau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance en 2011
Etablissement(s) : Strasbourg

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Les neurostéroïdes sont des stéroïdes synthétisés par les neurones et les cellules gliales dans le système nerveux à partir du cholestérol. Les neurostéroïdes, en particulier ceux réduits en position 3α comme l’allopregnanolone peuvent réduire les symptômes douloureux s’ils sont administrés de manière exogène. Dans le laboratoire, nous avons montré que leur effet antinociceptif pourrait passer, entre autre, par la potentialisation de l’inhibition médiée par le récepteur GABAA dans la moelle épinière. Au cours de ce travail de thèse, j’ai employé une stratégie visant à stimuler la neurostéroïdogénèse endogène. Pour cela, j’ai utilisé l’étifoxine (Stresam™), un anxiolytique non benzodiazépinique capable de stimuler la synthèse de neurostéroïdes en se liant à une protéine mitochondriale (appelée TSPO pour « translocator protein ») favorisant la translocation du cholestérol. Dans un premier temps j’ai caractérisé l’effet analgésique de cette molécule dans plusieurs modèles de douleurs chroniques. Sur des animaux présentant des douleurs neuropathiques suite à une chimiothérapie ou à une compression du nerf sciatique, un traitement à l’étifoxine réduit significativement les symptômes douloureux ou empêche complètement leur apparition, s’il est administré avant l’induction de la douleur. Un traitement curatif à l’étifoxine réduit aussi les symptômes douloureux causés par une monoarthrite (inflammatoire du genou). Nous avons aussi montré que l’effet observé était effectivement dû à la stimulation de la synthèse endogène de neurostéroïdes 3α-réduits et ceci, même en absence de source hormonale périphérique (gonadectomie, surrénalectomie). Dans une deuxième partie du travail, j’ai mis en évidence de nouveaux mécanismes d’action de l’étifoxine capables d’expliquer les effets analgésiques obtenus. Tout d’abord, la réponse inflammatoire spinale qui s’exprime par une augmentation de la production de cytokines pro-inflammatoires et l’activation des microglies est réduite après le traitement. Cette action est corrélée avec une optimisation de l’inhibition spinale portée par au moins trois mécanismes : la récupération d’une désinhibition spinale glycinergique induite par la production locale de PGE2, potentialisation de l’inhibition GABAergique et le rétablissement de l’expression de l’exporteur KCC2. Ce dernier mécanisme, comme les autres, rend parfaitement compte du rétablissement d’une nociception spinale comparable aux animaux contrôle des animaux traités par l’étifoxine. Dans la troisième partie de mon travail je me suis intéressée au mode d’action de la vitamine D3 dont la structure est proche de celle des neurostéroïdes neuroactifs. Une supplémentation en vitamine D3 sous forme d’aliments enrichis ou par administration orale réduits significativement les symptômes douloureux chez des rats monoarthritiques ou ayant une neuropathie induite par compression chronique du nerf sciatique. Les cibles moléculaires sont actuellement à l’étude avec en particulier l’action stimulatrice de la vitamine sur l’hypothalamus et les contrôles inhibiteurs descendants impliquant l’ocytocine et la pro-opiomélanocortine. En résumé, les travaux réalisés durant cette thèse ont permis de mettre en évidence le potentiel thérapeutique des neurostéroïdes endogènes dans le traitement des douleurs neuropathiques et inflammatoires chez l’animal. L’étifoxine et la vitamine D3 sont déjà prescrites en tant que médicaments en France et présentent des effets secondaires très minimes. Les nouvelles pistes thérapeutiques et les mécanismes d’action décrits dans ce travail préclinique pourraient conduire rapidement à la mise en place d’essais cliniques chez l’homme, voire à une modification de la prise en charge des douleurs chroniques