Thèse de doctorat en Physiologie et biologie des organismes, populations, interactions
Sous la direction de Odile Petit et de Kunio Watanabe.
Soutenue en 2011
à Strasbourg .
La vie en groupe repose sur des compromis entre les besoins et motivations propres à l’individu et ceux des autres membres de son groupe. Ainsi, des individus dont les besoins peuvent être différents doivent synchroniser leur activité avec celles des autres individus du groupe et se déplacer collectivement pour que la cohésion soit préservée. L’étude des déplacements collectifs constitue l’une des meilleures façons d’aborder les processus décisionnels dans les sociétés animales. Les recherches dans ce domaine ont permis d’identifier des différences entre certains individus ou classes d’individus ayant un rôle plus important que d’autres dans les prises de décision. Depuis lors, deux courants s’affrontent sur les causes de ce rôle prépondérant de certains individus. Le premier voit dans ces différences une origine écologique tandis que le second y voit une conséquence des pressions sociales. Afin de tester ces hypothèses, j’ai étudié deux espèces de primates : le lémur brun (Eulemur fulvus) dans un environnement contrôlé, une espèce qui présente un système social différent des autres lémuriformes étudiés jusqu’alors; et le macaque japonais (Macaca fuscata) en milieu naturel, une espèce qui présente un style social de type intolérant. Les résultats obtenus au cours de cette thèse montrent que les facteurs sociaux ont un impact important sur les processus décisionnels et ce, même en milieu naturel. Les facteurs écologiques quant à eux n’influencent pas directement les processus décisionnels chez le macaque japonais mais semblent entraîner des changements dans la structure spatiale du groupe qui peuvent se répercuter sur les déplacements collectifs via les facteurs sociaux.
The impact of social and ecological influences on decision-making processes during collective movement in two primate species (Eulemur fulvus and Macaca fuscata)
Living successfully as a group depends on the ability of its members to compromise between their individual needs and motivations and those of other group members. Individuals with potentially different needs can thus synchronise their activity with that of other group members and move collectively, hence preserving the group. The study of collective movement is one of the most efficient ways to tackle the question of decision-making processes in animal societies. Research in this domain has enabled us to identify differences between certain individuals or classes of individuals playing a more important role in decision-taking situations. Since this discovery, two conflicting theories have been proposed to explain the possible reasons behind this dominant role in certain individuals. The first theory explains these differences by ecological differences, whereas the second suggests that they are the result of social pressure. In order to test these two hypotheses, I studied two primate species. Firstly, the brown lemur (Eulemur fulvus) was tested in a controlled environment. This species has a social system that is very different to other lemuriformes studied to date. Secondly, the Japanese macaque (Macaca fuscata) was studied in the wild. This species has an intolerant social style. The results obtained from this thesis pinpoint the substantial impact that social factors have on decision-making processes in the brown lemur and the Japanese macaque, even in the wild. This thesis enables a further step towards a generalisation of the hypothesis that there is indeed a social influence on decision-making.