Au temps du brame. . . : les représentations de la chasse dans l'oeuvre de Gustave Courbet (1819-1877) et dans la peinture allemande contemporaine
Auteur / Autrice : | Gilbert Titeux |
Direction : | Roland Recht |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire de l'art |
Date : | Soutenance en 2011 |
Etablissement(s) : | Strasbourg |
Mots clés
Résumé
Les peintures de chasse de Gustave Courbet diffèrent profondément de la réalité cynégétique que perçoivent les chasseurs français du XIXe siècle. Si cette différence peut s'expliquer par la nécessité contemporaine de réaliser une peinture post-moterm, en ayant recours au gibier mort, à sa photographie et à la taxidermie, elle montre aussi une relation très ambigüe de Courbet à la vénerie classique, qui semble susciter, de la part du peintre, une véritable "dénégation" au sens psychanalytique du terme. En fait, Courbet reste fondamentalement un de ces paysans-propriétaires qui s'étaient vu octroyer le droit de chasse en 1789, mais qui, du fait de la raréfaction du gibier après la Révolution, en étaient réduits à chasser surtout le petit gibier, à tir et aux chiens courants. Bien différente de celle de Courbet est la peinture cynégétique allemande contemporaine, dont le Deutsches Jagdmaler-Album de Hegewald, paru en 1881, nous permet de découvrir vingt-six des auteurs les plus célèbres. Cette peinture s'organise selon une typologie qui permet de dégager douze types différents : de la peinture d'histoire à l'illustration d'un texte, en passant par la peinture d'un paysage, la nature morte, le portrait, la peinture de genre etc. Quatre thèmes y sont privilégiés : la Jagdidylle, cette représentation du chasseur amoureux, le Wilderer, figure mythique des montagnes, le Sonntagsjäger, cette caricature de l'amateurisme cynégétique, et le röhrender Hirsch devenu un archétype du kitsch. Mais cette peinture se distingue aussi par son "naturalisme" marqué par les conventions académiques tout à l'opposé du "réalisme" novateur de certains peintres allemands comme Leibl et Sperl, profendément marqués par la force déconstructrice du Francais Courbet. Celui-ci pulvérise littéralement les différents types de peinture cynégétique et manifeste avant tout sa liberté. Celle de rêver. Son "Rut de printemps" sonne ainsi, de façon prémonitoire, la fin du brame, du "röhrender Hirsch", dans la peinture de chasse. . .