Thèse soutenue

Du tri à l'autre : éthique et médecine d'urgence

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Auteur / Autrice : Pierre Valette
Direction : Dominique Folscheid
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie pratique
Date : Soutenance le 01/12/2011
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Organisations, marchés, institutions (Créteil ; 2010-2015)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Espaces Éthiques et Politiques - Institut Hannah Arendt - Espace Ethiques et Politiques - Institut Hannah Arendt
Jury : Président / Présidente : Frédéric Worms
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Folscheid, Isabelle Blondiaux
Rapporteurs / Rapporteuses : François-René Pruvot

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Comment aborder l'éthique médicale à l'heure de la grande confusion entre déontologie, morale, éthique, éthique de la biomédecine, éthique appliquée, éthique du care, méta-éthique, bioéthique…? Peut-être par un retour « aux choses mêmes » comme aurait dit Husserl, un retour à la médecine pour y chercher, comme nichée en son sein, matière à penser l'éthique de la médecine et non une éthique fabriquée de toute pièce qui constituerait, au final et de façon définitive, une éthique pour la médecine.Un mode d'exercice particulier, la médecine d'urgence, permet d'étudier l'acte médical, dans sa puissance et son actualisation (au sens que prennent ces termes chez Aristote) et ses intersections avec le geste technique. Qu'est-ce qu'un acte médical, qu'est-ce qu'un geste technique et comment les distinguer ? Ou encore, comment reconnaître un acte sans geste et un geste sans acte ? C'est le médecin, auteur de l'acte, qui fait de l'acte un acte médical. Même lorsque le geste technique recouvre la totalité d'un acte, il ne peut que se distinguer de l'acte médical si son auteur n'est pas médecin, non en qualité statutaire mais en celle de dépositaire du savoir (épistémè) médical. L'acte sans geste rencontré au cours de la régulation médicale est la preuve que la médecine d'urgence ne se réduit pas à des gestes techniques.Comme beaucoup de disciplines à orientation scientifique, la médecine d'urgence tend à transformer le temps en espace pour mieux quantifier sa pratique mais finit par se heurter à la vérité d'adéquation des autres spécialités médicales. La vérité qui se réduit à l'exactitude mathématique donne à la paraclinique la place centrale de l'exercice médical, participant peu à peu à éloigner le médecin du patient.Le tri médical, exercice singulier de la médecine de masse, de la médecine de catastrophe, met en évidence, de façon inattendue, l'éthique médicale. La catégorisation des victimes, au principe du tri médical n'est qu'un reflet exacerbé de la pensée rationnelle. Car penser, c'est trier. L'irruption du tiers dans la relation médecin malade limite la responsabilité médicale laquelle, sinon, serait insupportable. La responsabilité infinie de chacun vis-à-vis de l'autre, redoublée par la condition de soignant précède et fonde la liberté. Le Tiers empêche de faire l'impossible pour Autrui, il contraint à partager. Introduit au moment du tri médical, il donne la chance au politique de s'enraciner profondément dans l'éthique.