Thèse soutenue

La famille française dans les romans de la première moitié du XVIIIe siècle d’après Challe, Prévost et Marivaux

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Auteur / Autrice : Samira Khelladi
Direction : Geneviève Artigas-Menant
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue et Littérature Françaises
Date : Soutenance le 14/11/2011
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cultures et Sociétés (Créteil ; 2010-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Lettres, Idées, Savoirs (Créteil)
Jury : Président / Présidente : Éric Francalanza
Examinateurs / Examinatrices : Geneviève Artigas-Menant
Rapporteurs / Rapporteuses : Maria Susana Seguin

Résumé

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La famille dans l’invention romanesque est un thème neuf abordé par Challe, le père du roman moderne, dans son chef-d’œuvre Les Illustres Françaises, roman où tous les personnages sont liés par des liens de parenté, d’amitié et de voisinage. Prévost, avec Manon Lescaut et Cleveland, annonce l’évolution du genre littéraire : un fils révolté et un enfant bâtard sont les héros de ces romans. Marivaux dans Marianne et Le Paysan parvenu imprime sa touche artistique en inventant des procédés nouveaux et en créant Marianne et Jacob, deux êtres indépendants qui arrivent à se réaliser dans la vie, malgré le système rude sur lequel se fondent les familles de leur époque. Annoncent-ils ainsi une nouvelle ère où l’individu pourra se réaliser sans l’intervention ni l’aide de sa famille ?Les romanciers trouvent leurs sujets exaltants dans la peinture de la réalité du « vrai » en représentant la vie quotidienne et en créant des scènes frappantes où le personnage authentique mène une expérience exemplaire de la vie. Les membres de la famille : le père, la mère, le fils, la fille sont présentés dans des portraits littéraires. Les pères despotiques et autoritaires séquestrent, traquent, violentent, déshéritent et renient les enfants qui osent défier leur autorité. Le vieux Dupuis refuse de marier sa fille à Des Ronais, un homme riche et de bonne famille. Il veut garder sa fille auprès de lui, considérant qu’elle est sa seule famille ou son unique « bien » dans la vie, dans un monde où la fille est destinée au mariage ou à la vie religieuse. De Bernay père oblige sa fille aînée à se marier contre son gré et contraint Clémence à devenir religieuse. Enfin le père de Des Pres et le père de Des Grieux veulent imposer leur autorité à leur fils. La représentation de la mère bonne ou mauvaise permet de voir comment cette dernière assume la responsabilité parentale et peut parfois sacrifier sa maternité pour respecter les règles de sa société comme elle peut par amour pour son enfant sacrifier la réputation de la famille en acceptant, comme dans le cas de Mme de Miran et Mme de Contamine, de marier leurs fils uniques avec des filles pauvres.Les fils représentent une génération de jeunes gens qui sont à la recherche de soi, voulant se réaliser dans la vie. Après l’expérience, les jeunes gens murissent et acquièrent une certaine sagesse comme dans la réalité. Des Ronais est conseiller au parlement, Des Frans est le cavalier qui a réalisé au champ d’honneur son rêve en combattant. Le jeune Dupuis, le libertin, se réforme et décide de mener une vie réglée.Parmi les filles, la fautive et l’aventurière ne sont pas sévèrement jugées, mais elles sont absentes de la scène occupée par Angélique la fille vertueuse, Manon Dupuis la fille obéissante et Clémence la révoltée. J’ai abordé également l’amour qui est la raison d’être du roman, avec les belles scènes de rencontre où les héros découvrent la passion amoureuse. Le mariage secret, l’union libre sont les moyens qu’emploient les jeunes amoureux pour réaliser leur désir. Afin d’aborder la vie de couple au sein du mariage, les auteurs n’hésitent pas à donner cette fin heureuse au milieu du récit qui voit s’unir Angélique et Contamine, Jacob et Mlle Habert, Cleveland et Fanny. Les auteurs semblent souligner ainsi que le mariage n’est pas une fin en soi, que le plus important c’est l’amour, l’entente et l’harmonie de l’être au sein de son groupe et de sa famille