Thèse soutenue

FR
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : Susan Mwangi
Direction : Christian Thibon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire contemporaine
Date : Soutenance en 2011
Etablissement(s) : Pau

Mots clés

FR

Résumé

FR  |  
EN

Ce travail examine la thèse de la résurgence de mouvements politico-religieux en Afrique, en s’attachant à l’exemple des Mungiki au Kenya, durant la période 1987-2007. Il fait valoir que la résurgence de tels mouvements, à une époque de modernisation et de mondialisation intense, suscite une interrogation puisque certaines thèses avaient fait valoir qu'avec la modernité l'importance de la religion dans la sphère publique diminuerait considérablement. Trois aspects principaux du mouvement sont examinés : son émergence, sa croissance et son dynamisme. Il est à noter que si le mouvement prend de l’envergure du fait de l’appauvrissement relatif des victimes des conflits des années 1991-1998 de la vallée du Rift, en le plaçant dans les feux de la rampe publique, le mouvement existait bel et bien avant le début des années 1990, avec ses idéologues, dans la clandestinité d’un environnement et du fonctionnement répressif de l’Etat. C'est durant la vague mondiale de démocratisation qui a balayé le continent africain que les fondateurs du mouvement Mungiki discernent une occasion de mobiliser les hommes, les moyens et le capital social de la communauté Kikuyu, à l’époque politiquement marginalisée, pour une action collective contre le gouvernement autoritaire de Moi. Parmi les ressources mobilisées se retrouve aussi la mémoire collective des Kikuyu. Le mouvement a rejoint le débat public sur les Mau Mau, domestiqué comme leur propre vecteur idéologique. Correspondant, à sa création, à un groupe culturel et religieux, le mouvement Mungiki, dans le contexte des violences politico-ethniques des années 1990 s’est transformé en une milice protégeant des voisinages kikuyu. Son implantation urbaine, accompagne sa transformation en une milice prédatrice se situant sur le marché de la ‘sécurité’ dans un environnement d'insuffisance de l'État. Actuellement, le mouvement Mungiki conserve son apparence religio-culturelle, mais il a également adopté un langage politique qui force les gouvernements successifs à prendre position face à lui, à se concilier et/ou à accepter ses activités de criminelles. Ce travail est une contribution importante de la recherche universitaire sur un thème de société et de politique d’envergure qui concerne l'Afrique en général et de le Kenya en particulier.