Thèse soutenue

Non monachus, sed demoniacus : recherches sur la criminalité au sein des communautés régulières en Occident (France et Angleterre principalement), XIIe-XVe siècle

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Auteur / Autrice : Elisabeth Lusset
Direction : Franck Collard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 19/10/2011
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Université Paris Nanterre)
Jury : Président / Présidente : Catherine Vincent
Examinateurs / Examinatrices : Franck Collard, Catherine Vincent, Claude Gauvard, Corinne Leveleux-Teixeira, Martin Heale, Franz J Felten
Rapporteurs / Rapporteuses : Claude Gauvard, Corinne Leveleux-Teixeira

Résumé

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Ce doctorat croise les apports de deux champs historiographiques distincts : l’histoire de la criminalité et de la justice et l’histoire des communautés régulières au Moyen Âge. Il analyse la criminalité interne au cloître, commise par des religieux à l’encontre de leurs confrères du XIIe siècle à la fin du XVe siècle (violence, homicide, vol...). Dans une perspective comparatiste, il s’intéresse aux communautés d’hommes et de femmes, qu’elles appartiennent à un ordre (Cluny, Cîteaux, Prémontré, Chartreux), ou à une nébuleuse moins définie sur le plan juridique, comme les moines adoptant la règle de saint Benoît ou les chanoines réguliers vivant sous la règle de saint Augustin. L’étude embrasse l’ensemble de l’Occident, mais la majorité des cas criminels recensés concernent les royaumes de France et d’Angleterre. L’analyse des pratiques criminelles, du profil des coupables et des victimes, des circonstances et des motivations du crime invite, tout d’abord, à interroger la porosité du cloître aux valeurs de la société laïque médiévale. Cette analyse révèle que les idéaux monastiques exaltant l’humilité, la maîtrise de soi et le primat du pardon entrent parfois en conflit avec la nécessité de défendre son honneur en recourant à la vengeance. Le doctorat étudie, par ailleurs, le fonctionnement d’une justice régulière, qui est à la fois disciplinaire et administrative, pénitentielle et pénale. À partir du XIIe siècle, la correction des criminels dépasse la sphère interne du monastère pour être prise en charge par les instances supérieures des nouvelles structures d’ordre, comme le chapitre général, ou de l’Église (évêques, offices pontificaux). Entre le XIIe et le XVe siècle, se met en place un véritable système judiciaire et pénal. Dans le même temps, si la correction vise à préserver l’intégrité de l’Eglise en évitant le scandale, elle recherche aussi l’amendement du coupable, toujours susceptible d’être absous et réconcilié.