La légalité de l’art : la question du théâtre au miroir de la casuistique
Auteur / Autrice : | Yosuke Morimoto |
Direction : | Baldine Saint Girons |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 2011 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Comment le monde chrétien est-il parvenu à légaliser l’art ? C’est à cette question que notre thèse tente de répondre, en étudiant le problème de la moralité du théâtre au miroir de la casuistique moderne (notamment XV-XVIIe siècles). Ayant avoir présenté quelques traits spécifiques du système casuistique (ch. I), elle s’interroge sur certains casus abordant la simulation théâtrale, pour montrer que la casuistique produit une définition spécifique de la fictio comme quelque chose de risible et de peu sérieux (ch. II). Ce manque de sérieux tient au décalage que la fiction interpose entre l’acte et l’intention, ce qui fait l’objet de nombre de discussions théologiques sur le fictus (personne venant troubler le sacrement à cause de sa mauvaise foi). La relecture en fait constater que l’énoncé fictif se place, du fait même de son inefficacité, échappe à l’application de la loi (ch. III). Un tel argument, en soi limitatif, donne pourtant raison à une réhabilitation progressive du métier de comédien (ch. IV), malgré la tradition chrétienne fort critique du spectacle, qui reste largement en vigueur même à l’époque moderne (ch. V). Après cette phase de transition, la solution définitive est apportée par certains casuistes laxistes, qui cherchent à légaliser jusqu’à un théâtre de la pire espèce possible sous prétexte qu’il s’agit d’une repraesentatio sola, en se référant à la notion de delectatio morosa au sens de plaisir spécifique qui est propre à la cogitatio (ch. VI). Et ce parcours nous conduit à la conclusion suivante : la casuistique laxiste risque de nier ce qu’elle prétend sauver, la dignité de l’art.