L'Église et le nationalisme polonais : la fusion ou l'interaction
Auteur / Autrice : | Małgorzata Olucha Bien |
Direction : | Aleksandr Sergeevič Lavrov |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études slaves |
Date : | Soutenance en 2011 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Pratiques et théories du sens (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis ; 1992-....) |
Mots clés
Résumé
Les relations entre l’Église et le nationalisme sont l'objet des études présentées dans cette thèse. Il s'agit de l’Église catholique dans sa dimension polonaise pas globale. Le nationalisme concerne l'ensemble des sentiments patriotiques et nationaux qui permettent à une nation de se définir ainsi que de se différencier des autres nations. L’Église catholique était présente dans la nation polonaise depuis son baptême en 966 et pendant des siècles la corrélation entre les deux changeait, se transformait en devenant finalement la coexistence spécifique et unique dans son genre. L’Église et la nation polonaise étaient parfois très proches, en se manifestant par la même voix, la même opinion. Parfois cette fusion n'était pas complète, les intérêts mutuels n'étaient pas les mêmes et le nationalisme dans la nation prenait la direction différente de l'avis de l’Église. La thèse a été divisée en trois principales parties. La première partie concerne la naissance du nationalisme polonais contemporain. La renaissance de l’État polonais après la première guerre mondiale en 1918 a complètement changé la façon de voir le nationalisme comme l'idéologie et le nationalisme comme les sentiments formant la nation. Il était nécessaire d'évoquer les principaux représentants du nationalisme polonais ainsi que leur participation à la création de la nation polonaise. Les noms de Roman Dmowski et Józef Piłsudski ont été mentionnés plusieurs fois car ces deux personnages ont fortement influencé le nationalisme et la nation elle-même. La partie concernant la formation de l'idée nationale avant et après la première guerre mondiale était importante car elle expliquait comment la nation privée de son indépendance pendant des décennies a réussi à créer son propre nationalisme qui a laissé les traces dans les esprits intellectuels des Polonais et qui s'est révélé après 1989. Le nom de l'un des nationalistes principaux en Pologne-Roman Dmowski a été comparé également avec l'autre esprit brillant de l'époque- Charles Maurras. La comparaison était nécessaire pour deux raisons: prouver les conditions différentes du nationalisme polonais par rapport au mouvement nationaliste en Europe de l'époque ainsi que montrer les similitudes de deux personnages différents mais souvent très proches. Les personnes qui ont donné aux idées nationalistes de leurs pays une nouvelle voie qui marquera ces pays, chacun à sa manière, pour plusieurs générations. L'étude sur l’Église et le nationalisme polonais ne peut pas être complète sans une large réflexion sur la période socialiste en Pologne entre 1945-1989. Cette époque montre le plus la relation extraordinaire entre les Polonais et le catholicisme. Le socialisme réel en Pologne était pour l’Église et pour la nation, l'épreuve du caractère, de l'identité et de la responsabilité morale. L’Église et derrière elle l'épiscopat, était l'un des personnages principaux des événements qui ont marqué les années 1945-1989. Le caractère du catholicisme polonais ainsi que le rôle qu'il joue dans la société polonaise ont été définis. Les Polonais étaient confrontés à une situation difficile, périlleuse même et ils ont trouvé le moyen pour s'en sortir- leur foi, profondément enracinée dans la culture et dans la tradition du pays. C'est grâce aux personnalités comme le cardinal primat Stefan Wyszyński ou le cardinal Karol Wojtyła (prochain Jean Paul II ) que l’Église polonaise a gardé sa place dans la réalité socialiste, en préservant le fondement moral de la nation. Cependant, l’Église et la Pologne entière ont subit beaucoup de transformations à la suite du changement du système après 1989. Les deux devaient s'accommoder dans le monde nouveau, dans le monde de la démocratie libérale. L’Église et la nation étaient obligées de « se refaire » dans le nouveau système politique, leurs relations devaient être revissées et reconstituées afin de garder l'union qui reliaient les deux. Les difficultés liées avec la transformation du système, le chaos des premières années de la démocratie en Pologne ainsi que les modifications de la mentalité polonaise sont le sujet de la troisième partie de cette thèse. L’Église avant et après 1989 n'est plus la même, la nation n'est plus la même, tout a changé même si, de l'extérieur, rien n'a changé dans le comportement des Polonais à l'égard de l’Église catholique. La religiosité polonaise reste l'une des plus intenses dans le monde mais le rôle de l’Église et du catholicisme a considérablement changé durant vingt dernières années. C'est surtout dans la vie quotidienne des Polonais que les changements sont les plus remarquables. Il ne suffit pas de chercher ce qui a évolué en suivant du près les statistiques concernant la religiosité mais il faut observer ce qui se passe dans la culture, dans les médias pour pouvoir répondre à la question où est-elle aujourd'hui l'union entre l’Église catholique et le nationalisme qui est le reflet de la vie intérieure de la nation. Le travail ici évoqué contient également les statistiques qui ne montrent pas seulement les transformations au sein de la société polonaise mais aussi les facteurs qui influencent les changements dans la perception de la religion chez les Polonais, comme par exemple le métier, l'âge, le lieu d'habitation, etc. Il était souhaitable, selon l'auteur, d'ajouter quelques tableaux historiques représentant de façon évidente la liaison entre les Polonais et leur foi. Ces ouvres ne sont qu'une toute petite partie de l'héritage culturelle de la Pologne, l'héritage où le catholicisme a remarquablement établi sa place. Il y a cependant quelques sujets qui n'ont pas été abordés dans le texte. Il s'agit surtout de problème d'antisémitisme en Pologne avant la deuxième guerre mondiale ainsi que de l'étude approfondie sur le travail de Jean Paul II dans l'établissement de la démocratie en Pologne. En ce qui concerne l'antisémitisme polonais la question est très complexe et très délicate, assez pour pouvoir constituer le sujet principal de la thèse doctorale. Étudier ce problème risquerait de s'éloigner du sujet général de la thèse sans parvenir à l'essentiel de la discussion. Une partie des arguments évoqués ci-dessus concerne aussi la question sur Jean Paul II. De plus, étudier la vie et le travail de quelqu'un comme lui ne serait pas suffisant sans analyse de ses textes ecclésiastiques. Les recherches sous cet angle n'étaient pas essentiels pour le sujet principal de cette thèse et pourraient éventuellement embrumer l'objet autour duquel le texte a été concentré- l’Église et le nationalisme polonais, la relation entre les deux qui oscille entre la fusion et l'interaction.