Auteur / Autrice : | Marie-Dominique Colas |
Direction : | Fethi Benslama |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Recherche en psychopathologie et psychanalyse |
Date : | Soutenance en 2011 |
Etablissement(s) : | Paris 7 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Recherches en psychanalyse et psychopathologie (Paris ; 2001-....) |
Jury : | Président / Présidente : Alain Vanier |
Examinateurs / Examinatrices : Éric Bey | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Patrick Clervoy, Franck de Montleau |
Résumé
Les « Gueules Cassées » incarnent l'horreur de la guerre que l'on veut hors regard et que l'on cherche à oublier. En 1921, trois soldats atrocement défigurés ont fondé une association pour venir en aide à leurs camarades. Ils ont choisi de leur redonner la dignité d'une existence sociale, un regard attentif. Près de cent ans plus tard, leur histoire est toujours d'actualité pour de nouvelles générations de blessés au combat. Comment survivre quand le corps a perdu son enveloppe protectrice, quand il dévoile l'informe de la chair, la gueule au sens d'une indistinction avec l'animal ? Comment retrouver son individualité quand la seule partie visible de son corps, inaccessible à soi-même, devient une « chose » monstrueuse ? Le témoignage des « Gueules Cassées » impose d'interroger sur le plan théorique ce qui fonde le principe d'identité chez l'être humain et de repenser le paradigme de l'altérité. Il s'agit avant tout d'entendre les effets de la blessure du corps sur la réalité psychique, d'historiciser le discours du sujet en proie à des processus « d'altérisation ». Cette reconstruction narcissique passe par un long travail à l'épreuve du miroir, du regard d'autrui, et par un face à face avec les limites de la chirurgie réparatrice, mais aussi avec le médecin questionné sur les limites éthiques de sa pratique. Les blessés de la face que nous avons rencontrés ont cherché à tisser à nouveau des liens avec leurs semblables, à transmettre leur expérience. L'inscription dans une « ethnie » aux traits communs a valeur de « greffe symbolique », de reconnaissance, et redonne à la face un visage.