Automutilations à l'adolescence : au carrefour des sciences sociales et de la psychopathologie : La Fabrique d'un symptôme
Auteur / Autrice : | Pablo Votadoro |
Direction : | Fethi Benslama |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | [Médecine scientifique], psychopathologie et psychanalyse |
Date : | Soutenance en 2011 |
Etablissement(s) : | Paris 7 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Recherches en psychanalyse et psychopathologie (Paris ; 2001-....) |
Jury : | Président / Présidente : Alain Vanier |
Rapporteur / Rapporteuse : Richard Rechtman, Maurice Corcos |
Résumé
Née dans les années cinquante aux Etats-Unis, la blessure auto-infligée se répand progressivement dans toute l'aire culturelle occidentale pour créer un effet épidémique. Au confluent de logiques sociales et psychopathologiques, elle apparaît préférentiellement chez les adolescents et se présente comme un signe visuel qui échappe aux catégories psychiatriques classiques. Le caractère circonscrit de l'émergence de ce symptôme donne l'occasion d'une étude sur l'interaction entre les représentations de l'individualité contemporaine et les dynamiques inconscientes. Le point de confluence se situe d'une part au niveau symbolique,' dans ce que la mise en acte peut avoir de significatif, et d'autre part au niveau du corps, lieu de l'expression de l'individualité et des désirs. L'adolescence étant le moment précis où les remaniements psychiques accompagnent l'assomption à un statut accompli de cette individualité, permet de mettre en lumière les déterminations qui concourent à ce phénomène. La redéfinition de l'individu par rapport à un corps réduit à une image serait un des effets majeurs des transformations sociales. Mais l'adolescence possède des spécificités, puisqu'elle se trouve au point de tension précis entre des forces qui gouvernent les sociétés néolibérales. Si bien que les conflits qui agitent cette période pubertaire, dans la mesure où ils tendent à se mettre en acte, vont venir s'exprimer suivant ces tensions jusqu'à donner lieu à la scène de mutilation du corps propre. Or, découlant d'une généalogie remontant aux auto-flagellations, ce phénomène apparaît comme une forme de subversion des forces normalisatrices du pouvoir ; il s'inscrit dans une clinique du pouvoir.