Auteur / Autrice : | Lorraine Duménil |
Direction : | Évelyne Grossman, Ginette Michaud |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire et sémiologie du texte et de l'image |
Date : | Soutenance en 2011 |
Etablissement(s) : | Paris 7 |
Résumé
A quelles conditions la poésie peut-elle constituer une disposition de l'action humaine ? Mus par une commune nécessité de remédier au malaise existentiel qui les étreint, Antonin Artaud et Henri Michaux attribuent à leur entreprise poétique une finalité proprement vitale : « guérir la vie », lutter contre ce qui les oppresse, changer de corps et d'esprit. Or un tel impératif engage une redéfinition radicale de la Poésie. Le geste d'Artaud et de Michaux a la particularité d'opérer sur un plan bien plus large que celui de l'écriture, dans la perspective d'un « champ élargi » de la Poésie qui investit une multiplicité de dispositifs : poèmes mais aussi dessins, peintures, pratiques performatives inspirées du théâtre, de la danse ou de la musique. Pour « guérir la vie », ce continuum artistique opère sous la forme d'une production inlassablement reconduite d'exorcismes, dans le même temps qu'il ouvre l'espace d'une construction de soi qui engage une ontologie de l'altération. Attentive à la performativité des différentes configurations artistiques, la présente étude fera de l'expérience poétique - entendue comme une pratique incarnée - le cœur de sa réflexion. Or, s'il est vrai qu'une expérience n'engage a priori que celui qui en est le sujet, elle ne trouvera toutefois à se réaliser pleinement que dans la mesure où elle sera reprise et traversée par d'autres, c'est-à-dire reçue et reconduite par un public : l'agir poétique est un espace d'action partagé.