Thèse soutenue

Thérapie génique de la leucodystrophie métachromatique

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Françoise Piguet
Direction : Nathalie CartierCaroline Sevin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance en 2011
Etablissement(s) : Paris 5

Résumé

FR  |  
EN

La leucodystrophie métachromatique (LDM) est une maladie de surcharge lysosomale causée par la déficience de l’arylsulfatase A (ARSA), enzyme lysosomale impliquée dans la dégradation des sulfatides. Ce déficit enzymatique conduit à l’accumulation de sulfatides dans le système nerveux central et périphérique, entrainant une démyélinisation sévère et une dégénérescence neuronale. La forme infantile tardive est la forme la plus fréquente et la plus sévère de la pathologie, avec une évolution rapide et un décès des patients avant l’âge de 5 ans. Aucun traitement n’est actuellement disponible mais diverses stratégies thérapeutiques sont en cours d’évaluation. Du fait de la rapidité du processus neurodégénératif et de l’imperméabilité de la barrière hémato-encéphalique à l’ARSA, l’injection intracérébrale d’un vecteur viral codant l’ARSA semble l’approche thérapeutique la plus appropriée. L’injection intracérébrale d’un vecteur adeno-associé (AAV) de sérotype 5 codant l’ARSA a prouvé son efficacité pour la correction du phénotype dans le modèle murin de la pathologie. Cependant, avant d’envisager une application clinique, l’évaluation de l’efficacité et surtout de la tolérance de notre approche devait être réalisée dans un cerveau de plus grand volume. Chez le primate non-humain, nous avons démontré qu’un nombre limité d’injections intracérébrales du vecteur AAV5/ARSA entrainait une large diffusion du vecteur (37 à 46% de l’hémisphère injecté) et de l’ARSA recombinante (jusqu’à 33mm), ainsi qu’une augmentation significative de l’activité ARSA dans 50-65% de l’hémisphère injecté, sans aucun signe de toxicité. L’un des challenge majeur de la thérapie génique intracérébrale pour les maladies lysosomales est la mise en place d’une thérapie capable de traiter l’ensemble du cerveau, c'est-à-dire permettrait une large diffusion du gène et / ou de la protéine mais surtout le ciblage des cellules impliquées dans la pathologie. Le vecteur AAVrh. 10 a été démontré récemment comme permettant une meilleure diffusion de la protéine thérapeutique dans le cerveau de rongeurs après injection intracérébrale. Par conséquent nous avons décidé d’évaluer l’intérêt de ce sérotype dans notre modèle de la pathologie. L’injection de vecteur AAVrh. 10/ARSA dans le cerveau de souris LDM symptomatiques a permis une correction plus rapide (2 mois) et plus complète de la surcharge en sulfatides et des lésions histologiques en comparaison avec l’AAV5/ARSA. De plus, nous avons démontré la présence de l’enzyme thérapeutique dans les oligodendrocytes (la cellule cible de la LDM), et la quantité de C24:0-sulfatide, un isoforme de sulfatides présent exclusivement dans les oligodendrocytes, était complètement corrigée, ce qui constitue un résultat d’importance majeure d’un point de vue thérapeutique. L’utilisation d’un vecteur AAVrh. 10/GFP, nous a de plus permis de caractériser plus précisément le transport axonal et le tropisme cellulaire de l’AAVrh. 10, en démontrant notamment l’existence d’un transport rétrograde. Devant ces résultats encourageants, une étude d’efficacité et de tolérance a été réalisée chez le primate. Quatre primates ont été injecté uni ou bilatéralement avec le vecteur AAVrh. 10/ARSA de grade clinique (1. 1. 1011GC/hemisphere), dans des régions de la substance blanche déterminée au moyen d’une IRM. Dans un but clinique, la procédure chirurgicale a été optimisée afin de permettre l’injection simultanée des 12 sites, réduisant ainsi le temps de chirurgie. La tolérance de la procédure a été évalué par des tests neurologiques séquentiels et des IRM cérébrales. Les animaux ont été analysés 3 mois post injection. Nous avons démontré une diffusion importante du vecteur (jusqu’à 90% de l’hémisphère injecté) et une augmentation de l’activité ARSA allant jusqu’à 31% dans l’ensemble de l’hémisphère injecté. Comparé à nos précédents résultats avec l’AAV5, l’utilisation d’une dose 20 fois plus faible de vecteur conduit à une diffusion similaire dans l’hémisphère injecté, une quantité plus importante de vecteur dans l’hémisphère non-injecté et surtout une augmentation plus importante de l’activité ARSA. Une étude de toxicologie chez le primate est actuellement en cours avant de débuter un essai clinique de phase I/II pour des patients atteints de formes rapidement évolutives de LDM.