Thèse soutenue

Impact de la cohabitation homme/faune sauvage en zone touristique : étude des comportements liés à la proximité homme/animal d’une population touristique et de deux espèces de cercopithèques, le singe vert (Cercopithecus aethiops) et le cercopithèque à diadème (Cercopithecus albogularis), au sein d’une structure hôtelière au Kenya

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Auteur / Autrice : Charlotte Nivelet
Direction : Jacques Goldberg
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Éthologie
Date : Soutenance en 2011
Etablissement(s) : Paris 5
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales : cultures, individus, sociétés (Paris ; 1994-2019)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Jacques Goldberg, Jean-Marc Poupard, Thierry Gobert, Franklin Rausky, Raymond Pujol

Résumé

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Les changements environnementaux liés à l’activité humaine influent sur le comportement de la faune sauvage. L’espèce humaine exploite maintenant l’ensemble des écosystèmes où résident de nombreuses espèces animales. Cette cohabitation se caractérise par un chevauchement des habitats entre les espèces, dont les capacités d’adaptation ne sont pas toutes équivalentes. On remarque alors dans certaines situations, des degrés de flexibilité selon les espèces ainsi que le développement des relations homme/animal importantes au dépend de l’un ou de l’autre des protagonistes. Les activités touristiques tendent au rapprochement de l’homme et de la faune sauvage. Le Kenya présente des zones où les touristes partagent leur espace avec plusieurs espèces de singe débouchant sur une grande proximité. Dans le cadre de ce doctorat en éthologie, l’impact de la cohabitation Homme/Faune sauvage en zone touristique a été étudié afin de savoir si une cohabitation harmonieuse dans l’enceinte d’une structure hôtelière entre homme et animal était possible et à quelles conditions. Pour répondre à cette question, la méthode éthologique a été adoptée en observant durant 10 mois, le comportement de deux espèces de singes le Singe Vert (Cercopithecus aethiops) et le Cercopithèque à Diadème (Cercopithecus albogularis) ainsi que celui de touristes au sein d’un hôtel au sud du Kenya. Différents types d’interactions, impliquant les espèces de singes entre elles, celles associées à leur environnement et celles concernant les touristes de l’hôtel, ont été collectés. Le lieu d’observation a été analysé en étudiant la répartition des singes et des touristes selon le moment de la journée. Les comportements associés à ces zones de l’hôtel ont été précisés afin d’établir des recoupements qui ont permis de comprendre les raisons de la présence des singes sur certaines zones ainsi que l’apparition de certains comportements. Le but de ce travail d’étude était d’élaborer une stratégie qui soit ni perturbante ni dangereuse pour les animaux, mais qui les maintienne seulement à distance pour permettre aux touristes de les observer en respectant des règles strictes imposées par l’hôtel. Les résultats ont permis de conclure sur les différents facteurs de présence des singes. La nourriture destinée à l’homme, les plantes décoratives ainsi que les notions de confort et de sécurité, apportées par l’établissement contre les prédateurs et plus précisément contre les babouins pourraient expliquer la présence des singes. Selon les observations, les singes auraient tendance à être présents d’avantage au moment des repas et plus précisément en fin d’apès-midi où la nourriture est plus accessible. D’une façon globale, ce sont les Singes Verts qui sont les plus présents par rapport aux Cercopithèques à Diadème et en nombre plus important, ce qui confirme le comportement plus opportuniste du Singe Vert par rapport aux Cercopithèques à Diadème. L’étude du comportement des hommes en présence des singes a permis de se rendre compte que cette proximité était entretenue par les touristes eux mêmes et qu’une part importante de la stratégie d’effarouchement devait concerner l’éducation des touristes au sein d’un contexte particulier, celui des vacances. Il a été constaté l’importance de faire participer les populations locales à ce type de programme, pour qu’elles enseignent aux touristes la meilleure façon de se comporter face aux singes et à la faune sauvage en général. L’implication des locaux pourrait augmenter leur tolérance à l’égard des nuisances causées par les singes et réduire leur crainte à leur égard. Le gouvernement doit aussi s’impliquer dans la réduction de ce phénomène de proximité et durcir les lois à l’égard du nourrissage des animaux par les touristes. Comprendre les modèles et les interactions entre homme et animal est important pour la mise en place de programme de gestion, de tourisme et le développement de moyens de subsistance au niveau local (Campbell, 2003). Ce type d’étude doit prendre en compte de nombreuses disciplines car ce phénomène amène des questions écologiques, sociologiques, politiques, comportementales et anthropologiques, il faut nécessairement prendre tous ces aspects en compte pour une compréhension globale du problème (Hockins, 2009)