Thèse soutenue

Les Artisans du texte. La culture de scribe en Égypte ancienne d’après les sources du Nouvel Empire

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Auteur / Autrice : Chloé Ragazzoli
Direction : Dominique Valbelle
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Égyptologie
Date : Soutenance le 10/12/2011
Etablissement(s) : Paris 4
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Mondes anciens et médiévaux (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Orient et Méditerranée (Ivry-sur-Seine, Val de Marne ; 2006-....)
Jury : Président / Présidente : Gaëlle Tallet
Examinateurs / Examinatrices : Hans-Werner Fischer-Elfert, Fayza Haikal, Christian Jacob

Mots clés

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Résumé

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Au Nouvel Empire (1539-1075 av. J.-C.), les scribes – « ceux qui écrivent » en égyptien – prennent le devant de la scène dans les sources littéraires. Ils construisent et promeuvent une image d’eux-mêmes, qui révèle l’existence d’une communauté et d’un « monde social » (A. Strauss), fondés non pas sur la classe mais sur l’appartenance à une profession. Parmi les textes consacrés au métier de scribe, les florilèges appelés « miscellanées » ou « Enseignement par lettres » constituent une sorte de vademecum de la production écrite de l’époque, qui accompagne le scribe dans sa carrière et jusque dans sa tombe. Ils fonctionnent comme des véritables machines à produire d’autres textes, quand les deux autres types d’enseignements de l’époque, « l’Enseignement pour délier l’esprit » (les onomastica) et les « Enseignements par exemples » (les sagesses) portent respectivement sur le savoir théorique et le savoir pratique. Les scribes braconnent dans les modes d’expression du sommet de la société pour développer leur code de valeurs, qui repose sur l’éducation, les compétences au travail et leur rôle de transmetteurs (et non pas de créateurs). Des structures sociales fondées sur les relations professionnelles plutôt que familiales sont mises en avant. L’émergence d’une telle conscience communautaire se fait dans les termes des mutations idéologiques en cours. Une place plus grande est accordée à l’individu dans la société en mettant de côté les autorités traditionnelles au profit d’une divinité personnelle toute puissante. Les scribes peuvent ainsi faire de l’écriture une pratique de piété placée sous l’égide de Thot – les écrits leur survivront après la mort et assureront leur postérité. Chaque manuscrit devient un possible monument funéraire à travers le colophon. Les scribes réinvestissent en outre les tombes traditionnelles qu’ils visitent, en y laissant, sous la forme de graffiti, des textes commémoratifs à leur bénéfice mais aussi des offrandes littéraires.Cette promotion du mot écrit par rapport au discours trouve un écho dans les biographies monumentales des très hauts dignitaires et témoigne d’une diffusion des idéaux lettrés à l’époque.