Thèse soutenue

Entre le texte et le corps : travail de deuil, performativité et différences sexuelles chez Hélène Cixous

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Sarah-Anaïs Crevier Goulet
Direction : Mireille Calle-GruberGinette Michaud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature et civilisation française
Date : Soutenance le 04/11/2011
Etablissement(s) : Paris 3 en cotutelle avec Université de Montréal (1978-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littérature française et comparée (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche Écritures de la modernité (littérature et sciences humaines) (Paris ; ....-2014)
Jury : Président / Présidente : Catherine Mavrikakis
Examinateurs / Examinatrices : Mireille Calle-Gruber, Ginette Michaud, Catherine Mavrikakis, Mairéad Hanrahan, Pascale Sardin

Résumé

FR  |  
EN

Cette thèse propose de mettre en rapport les enjeux soulevés par la thèse de la philosophe Judith Butler concernant la « mélancolie du genre » et l’œuvre autobiographique d’Hélène Cixous, travaillée depuis ses commencements par la question du deuil et de la différence sexuelle/genre. Dans ce travail, nous souhaitons montrer en effet que la démarche philosophique théorique de Judith Butler, qui relit les thèses freudiennes sur le deuil, la mélancolie et la formation du moi en montrant l’importance de la perte au cœur de l’identité sexuelle, trouve des résonances dans le travail d’écriture et de réécriture « autobiographique » d’Hélène Cixous. L’écrivain reconfigure de fait la notion classique d’autobiographie, tout son œuvre vie étant marqué par un mouvement fondamental qui consiste à reconnaître les deuils et les séparations ayant donné naissance à l’écriture, un mouvement qui consiste, autrement dit, à créer une archive de l’autre. La thèse comporte deux parties : la première partie théorique explique les enjeux qui sous-tendent la « mélancolie du genre » pensée par Judith Butler et les effets de cette mélancolie sur le corps et la sexualité ; les notions de travestissement et de performativité sont revisitées à partir des notions psychanalytiques d’identification et d’incorporation. Puisque la mélancolie du genre est le résultat de la non-reconnaissance des premiers attachements homosexuels, la nécessité de repenser le rapport au maternel, du point de vue féminin plus particulièrement, est posée ; les notions de sémiotique (Julia Kristeva) et de chôra (Jacques Derrida/ Julia Kristeva) ouvrent ici la voie et nous invitent à penser la mère du côté du mouvement et de l’altération, de la plasticité (Catherine Malabou). La seconde partie propose une traversée de l’œuvre d’Hélène Cixous, depuis Dedans (1968) jusqu’aux toutes récentes fictions analysées à partir de la question du deuil et de la notion freudienne de la substituabilité des objets. Sont examinées les formes de substitutions des pertes inaugurales que sont pour l’écrivaine le deuil du père et le deuil de l’Algérie, substitutions qui passent d’abord et avant tout par le travail signifiant. La question de l’humain est abordée par la figure de l’enfant mongolien, dont la naissance quarante ans avant son entrée dans l’œuvre est venue faire vaciller toutes les divisions caractérisant habituellement le sujet (féminin/masculin, humain/animal, vivant/mort), y compris celle, capitale, entre né et non-né. La notion d’incorporation mélancolique est également mobilisée pour explorer les métamorphoses et nombreuses transfigures animales de l’écrivaine, qui mettent en avant la plasticité du vivant mais non moins sa fragilité. Incontournable, la question de la mère et du maternel chez Cixous est analysée dans son rapport à l’écriture et à la langue : lieu de mouvement, support de transformation et de transsubstantiation mais aussi contenance, la langue chez Cixous fait mère.