L’œuvre-trace, questionnement de la présence dans les récits d'Antonio Tabucchi, Peter Handke et Pierre Péju
Auteur / Autrice : | Clélie Millner |
Direction : | Philippe Daros, Anna Dolfi, Vittorio Coletti |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature générale et comparée |
Date : | Soutenance le 10/11/2011 |
Etablissement(s) : | Paris 3 en cotutelle avec Università degli Studi di Firenze |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littérature française et comparée (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'études et de recherches comparatistes (Paris) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Philippe Daros, Anna Dolfi, Vittorio Coletti, Emmanuel Bouju |
Mots clés
Résumé
La trace peut être définie comme le vestige sensible qui provoque, chez qui l’observe, le trouble d’une présence-absence. Les récits d’Antonio Tabucchi, Peter Handke et Pierre Péju,trois écrivains nés dans les années 1940 dans des pays – l’Italie, l’Autriche et la France – ayant collaboré avec l’Allemagne nazie, sont habités d’une inquiétude aussi bien historique qu’ontologique et déclinent les modalités d’une représentation de la présence spectrale. Le caractère spectral du réel n’implique pas seulement le sentiment d’une douloureuse dépossession, mais aussi l’ouverture à un monde vécu dans le mouvement même de son apparition. Celui-ci se manifeste tour à tour comme une épiphanie, révélation d’un avènement originel, et comme un retour des spectres du passé, et plus particulièrement de ceux de la Seconde Guerre mondiale. L’œuvre-trace transmet ainsi – par ses thèmes, sa diégèse et ses choix stylistiques – une injonction éthique. Elle se fait l’écho d’une double responsabilité :celle, historique, des cendres du XXe siècle et celle, ontologique, de la fidélité à un présents cindé, qui ne peut être appréhendé qu’à travers la faille qui le constitue. L’oeuvre-trace se fait représentation littéraire d’un jeu interstitiel : blessure qui ne peut cicatriser et condition même de l’à venir ; et la quête heuristique, en refusant toute assertion, rejoint la démarche de la philosophie sceptique. La connaissance ne se laisse approcher que de façon asymptotique, trace de ce qui a été et esquisse de ce qui sera.