Thèse soutenue

Nietzsche et Nabokov

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Auteur / Autrice : Anatoly Livry
Direction : Patrick Quillier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature générale et comparée
Date : Soutenance en 2011
Etablissement(s) : Nice

Résumé

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Nietzsche et Nabokov ont de nombreux points communs : tous deux apatrides, ils ont choisi la Suisse comme terre d’exil ; ayant perdu l’un comme l’autre leur père et leur frère, ils ont fréquenté les mêmes milieux bien que séparés d’une génération. Peut donc se poser la question suivante : de quelle manière l’aîné germanophone a-t-il influencé son cadet, écrivain trilingue, passerelle entre plusieurs cultures contemporaines ? C’est à cette question que tente de répondre cette thèse. Outre les liens directs et indirects grâce auxquels Nabokov a accédé à l’œuvre de Nietzsche, ce travail s’attache à mettre en évidence ce que l’écrivain a réellement retiré comme incitation essentielle de ses lectures nietzschéennes, à savoir la maîtrise parfaite de la culture hellénique, la connaissance des cultes de l’Hellade antique, la compréhension partielle du grec ancien ainsi que, et surtout, une familiarité certaine avec l’œuvre d’auteurs hellènes expliqués par un Nietzsche-éducateur. Il nous faut cependant dès à présent nuancer ce propos, en précisant que si l’influence de Nietzsche sur Nabokov fut déterminante – ce que nous nous démontrerons –, elle ne fut néanmoins ni exclusive, ni totale. Suivant l’opinion développée par Nietzsche dans son premier grand travail, La Naissance de la Tragédie, Nabokov choisit Socrate, l’ennemi de Dionysos, comme adversaire. L’anti-socratisme combatif de Nabokov occupe ainsi la première moitié de sa vie, celle d’écrivain russophone. Il en sort victorieux et continue d'avoir recours aux idées nietzschéennes quand il écrit en anglais, les portant à la gloire dans ses Lolita, Ada ou l’ardeur ou Feu Pâle. Par conséquent, la totalité des notions introduites par Nietzsche dans la philosophie – « Éternel Retour », « volonté de puissance », « petit homme », « surhomme » – prennent place sur les pages de Nabokov jusqu’à y faire apparaître, et plus d’une fois, Zarathoustra le dionysiaque et Nietzsche en personne. Les études nabokoviennes souffrent de l'imposture scientifique qui s'est introduite dans l'Université française via l'ex-URSS (ex. Buhks) ; la partie critique de notre thèse démontre l'inculture et la nuisibilité des publications de ces Soviétiques.