La rationalité managériale : de l'administration domestique à la gouvernance
Auteur / Autrice : | Thibault Le Texier |
Direction : | Joël Thomas Ravix |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance en 2011 |
Etablissement(s) : | Nice |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Droit et sciences politiques, économiques et de gestion (Nice, Alpes-Maritimes ; 2008-....) |
Mots clés
Résumé
Dans les textes publiés en anglais aux XVIIIe et XIXe siècles, la notion de « management » prend sens au sein d’un faisceau cohérent de concepts – le soin, l’industrie, l’arrangement, la conduite et le calcul – dont l’articulation dessine un système de pensée inédit. Au début du XXe siècle, alors que l’entreprise s’émancipe peu à peu de l’univers familial, cette rationalité est reformulée par des ingénieurs industriels américains sur la base de quatre principes généraux : l’efficacité, l’organisation, le contrôle et le savoir. Cette seconde rationalité managériale montre, tout au long du XXe siècle, une unité et une stabilité qui ne sont de nature ni idéologique ni scientifique. Par ailleurs, elle n’est rabattable ni sur la disciplinaire militaire, ni sur l’autorité patriarcale, ni sur la rationalité instrumentale propre aux ingénieurs, ni sur la logique marchande forgée par les économistes à partir du XVIIIe siècle. Elle est même construite largement en réaction à ces quatre rationalités. La rationalité managériale moderne constitue, de fait, un entendement inédit du gouvernement des individus, que nous nommons une « gouvernementalité », pour reprendre tout en le détournant un terme foucaldien. Cette gouvernementalité managériale n’est pas inscriptible dans un cadre organisationnel unique mais circule entre différentes institutions, au premier rang desquelles la famille, l’entreprise et l’État. L’examen de cette gouvernementalité nouvelle est l’occasion d’interroger les principales manières de penser le gouvernement prévalant de part et d’autre de l’Atlantique depuis un siècle et demi, et ce faisant de contribuer à préciser les entendements contemporains du pouvoir.