Harmonisation comptable internationale dans les pays émergents : contigences environnementales ou pressions institutionnelles ? : cas de la Tunisie
Auteur / Autrice : | Raoudha Trabelsi |
Direction : | Monique Lacroix, Sophie Giordano |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de Gestion |
Date : | Soutenance le 22/11/2011 |
Etablissement(s) : | Montpellier 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | Économie et Gestion de Montpellier (École Doctorale ; 2009-2014) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Équipe de recherche sur la firme et l'industrie (Montpellier) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Monique Lacroix, Sophie Giordano, Bernard Olivero, Serge Evraert, Gérald Naro, Faïçal Derbel |
Rapporteur / Rapporteuse : Bernard Olivero, Serge Evraert |
Mots clés
Résumé
La recherche conduite se focalise sur le cas de la Tunisie, un pays émergent, initialement imprégné d'une culture comptable continentale, qui s'est engagé en 1997 dans une réforme avant-gardiste d'harmonisation comptable internationale, devançant plusieurs pays, dont ceux de l'Union Européenne, en abandonnant son Plan Comptable Général hérité de la période coloniale française, pour adopter son premier système comptable de type anglo-saxon, largement inspiré du référentiel international. Alors que la normalisation comptable internationale a considérablement évolué depuis 1997, notamment par le remplacement en 2001 de l'IASC par l'IASB, et l'introduction des IFRS, paradoxalement, très peu de révisions ont été apportées au système tunisien, laissant ainsi apparaître un écart, qui s'est progressivement creusé, entre normes tunisiennes et normes internationales. Cette situation interroge les motivations réelles ayant provoqué la réforme de 1997, qui peut être due aussi bien à un réel besoin local de se joindre à la sphère mondiale, qu'à une volonté d'afficher une étiquette ou un ''Label '', au sens de Daske et al. (2007), afin de se conformer aux recommandations des organismes internationaux, et d'attirer différentes parties prenantes étrangères. Il convient de ce fait de s'interroger sur la nature des facteurs à l'origine du processus d'harmonisation comptable internationale en Tunisie : s'agit-il de contingences environnementales, ou de pressions institutionnelles? Ainsi, conformément à une structure de recherche classique, avec l'exposition d'une revue de la littérature, suivie d'une étude exploratoire du terrain exploitant qualitativement des entretiens réalisés auprès de professionnels tunisiens, pour mener enfin l'étude empirique proprement dite, dans une démarche quantitative, notre recherche se base sur la théorie de la contingence et l'approche néo-institutionnelle, pour répondre à la problématique suivante : Dans un pays émergent historiquement à tradition comptable continentale, comment se mesure l'avancement du processus d'harmonisation internationale et quels en sont les déterminants? Exploitant des réponses recueillies de juin à septembre en 2009 puis en 2010, via un questionnaire administré auprès de professionnels exerçant au sein de cabinets d'expertise comptable tunisiens et de cadres comptables exerçant au sein d'entreprises localisées en Tunisie, cette étude a pu montrer un faible niveau général d'harmonisation comptable internationale en Tunisie, de jure, mais surtout de facto. Aussi, l'analyse a montré que les facteurs étudiés susceptibles d'avoir un impact sur l'avancement du processus d'harmonisation sont à la fois contingents et néo-institutionnels, ces derniers étant les plus influents, pour les cabinets, alors qu'ils sont exclusivement néo-institutionnels, pour les entreprises. Le modèle comptable anglo-saxon ne serait donc pas pertinent pour toutes les entités économiques tunisiennes, la réforme de 1997 n'étant principalement que le résultat de pressions institutionnelles, notamment étrangères, exercées sur les choix économiques et politiques du pays, plutôt que d'un besoin émanant des différents acteurs interagissant dans le tissu économique tunisien local. En l'occurrence, parmi les parties exerçant une influence sur les entités tunisiennes pour les adapter à la culture anglo-saxonne des normes internationales, cette étude a identifié, les réseaux internationaux d'expertise comptable et d'audit, notamment les Big4, les groupes de sociétés multinationales, les parties prenantes étrangères des entreprises exportatrices, etc. Ainsi, seules les entités à dimension internationale présentent des niveaux élevés de familiarisation avec les IFRS.