Thèse soutenue

Érosion génétique dans les populations d'amphibiens anoures : impact sur la fitness et le potentiel adaptatif

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Auteur / Autrice : Émilien Luquet
Direction : Sandrine Plénet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Écologie
Date : Soutenance le 28/01/2011
Etablissement(s) : Lyon 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Evolution Ecosystèmes Microbiologie Modélisation
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'Écologie, des Hydrosystèmes Naturels et Anthropisés
Jury : Président / Présidente : Dominique Allainé
Examinateurs / Examinatrices : Sandrine Plénet, Claude Miaud, David Lesbarrères, Yvonne Willy
Rapporteurs / Rapporteuses : Josh Van Buskirk, Gentile-Francesco Ficetola

Résumé

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Les réductions d'effectifs et l'isolement des populations peuvent être à l'origine d'une érosion de la variabilité génétique du fait des processus de consanguinité et de dérive. L'érosion génétique des populations est de plus en plus fréquente, particulièrement sous l'effet d'une fragmentation des habitats par les activités anthropiques. Elle est aujourd'hui reconnue comme une menace majeure pour la persistance des petites populations isolées. En effet, l'érosion génétique peut modifier la valeur sélective moyenne des populations et leur capacité à s'adapter et à évoluer en réponse aux fluctuations environnementales. Cependant, comprendre dans quelle mesure l'érosion génétique affecte la valeur sélective des populations et de manière ultime leur persistance peut se révéler complexe. En fonction des processus sous-jacents, les conséquences de l'érosion génétique peuvent s'observer au sein et/ou entre les populations, sur le court et/ou le long terme, et varier fortement selon les phases du cycle de vie et les conditions environnementales considérées. L'objectif de cette thèse a été de déterminer, de manière empirique, les conséquences de l'érosion génétique sur la valeur sélective et le potentiel adaptatif, à l'échelle individuelle et populationnelle, dans des populations naturelles d'amphibiens anoures (particulièrement de rainette arboricole Hyla arborea), en intégrant le cycle de vie et les variations de l'environnement. Les résultats principaux sont : 1) les petites populations isolées choisies sont érodées génétiquement et présentent des valeurs sélectives réduites par rapport aux populations connectées, suite à la fixation d'allèles délétères par la dérive plutôt que par dépression de consanguinité. 2) les effets délétères du fardeau de dérive s'expriment particulièrement au cours de la phase larvaire et sont modérés voire absents dans les stades précoces et adultes. 3) les réponses adaptatives des individus des petites populations isolées soumis à un risque de prédation par Aeshna sp. (plasticité phénotypique) ou d'infection par B. dendrobatidis (canalisation) sont maintenues mais sont à l'origine de couts pour la valeur sélective plus importants. Ceci suggère que l'érosion génétique peut modifier les patrons de canalisation et de plasticité phénotypique, et limiter les capacités des individus à s'adapter aux variations environnementales. Ce travail de thèse met en évidence la nécessité d'une approche plus intégrative afin de mieux comprendre dans les populations naturelles comment les variations génétiques et environnementales gouvernent, par l'intermédiaire des forces évolutives telles que la sélection et la dérive, la valeur sélective moyenne des populations et leur probabilité d'extinction