Perversion et subversion dans les romans de Rachilde et de Jean Lorrain (1884-1906) : Une esthétique de la décadence
Auteur / Autrice : | Marie-Gersande Raoult |
Direction : | Jacques Migozzi |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française |
Date : | Soutenance en 2011 |
Etablissement(s) : | Limoges |
Partenaire(s) de recherche : | Autre partenaire : Université de Limoges. Faculté des lettres et sciences humaines |
Résumé
Les âmes fin-de-siècle, nostalgiques d’un monde plus artiste, tentent dans leur art littéraire de cristalliser leur refus de la société perçue comme un carcan. Le personnage, en véritable héraut de la déchirure sociale et morale, instaure alors un nouveau rapport au réel en cultivant une forme d’éréthisme mental Il s’agit alors par le biais d’un discours provocant de cultiver l’état de décadence. « Anywhere but out of this world » écrivit Baudelaire. Ce credo sera repris inlassablement dans les oeuvres de ses disciples qui prétendent défaire le réel pour mieux le refaire à l’aune de leurs noirs esprits. Les oeuvres de Rachilde et de Jean Lorrain, véritables plaidoyers contre la norme, s’articulent ainsi sur deux axes directeurs qui vont déterminer leurs choix à la fois thématiques et scripturaux : la perversion et la subversion. A partir de romans phares des deux auteurs, cette thèse se propose tout d’abord d’analyser la sémiologie d’un univers hors-nature qui déjoue les schémas de transcription du réel par la libération de la névrose et des fantasmagories des héros ou des héroïnes. Dans un deuxième temps, il s’agira de mettre en lumière les perversions de l’Eros qui traduisent si ce n’est une mutation du désir, du moins une volonté de « refaire l’amour ». Cette réécriture des codes, notamment sexuels, débouchent alors sur un trouble jeté sur le genre et plus encore sur le Moi. Aussi en viendrons-nous à étudier les vertiges de l’identité qui ne cessent de faire osciller le discours entre sens et non-sens, et qui vont se révéler symptomatiques d’une posture iconoclaste. Quand l’esthétique se fait éthique, la Décadence n’est jamais bien loin.