Thèse soutenue

L'opinion publique à La Réunion (1974-1995) - Fondements politiques et culturels d’une (re)construction identitaire

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Auteur / Autrice : Nelson Navin
Direction : Yvan Combeau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire contemporaine
Date : Soutenance le 26/09/2011
Etablissement(s) : La Réunion
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales (Saint-Denis, La Réunion ; 2010-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Océan Indien espaces et sociétés (Saint-Denis, Réunion ; 2009-....)
Jury : Président / Présidente : Michel Watin
Examinateurs / Examinatrices : Yvan Combeau, Michel Watin, Christian Delporte, Justin Daniel
Rapporteurs / Rapporteuses : Christian Delporte, Justin Daniel

Résumé

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L'opinion publique exerce une pression plus ou moins constante sur les systèmes politiques. Partout dans le monde les fièvres électorales galvanisent les foules au moment d'élections majeures, rappelant que les peuples ne sont pas indifférents à la façon dont ils sont gouvernés. L'opinion publique concerne ainsi tous ceux qui vivent en société. Analyser le mécanisme de fabrication de l'opinion permet de comprendre ce qui « se pense » à un moment précis dans une société donnée et pourquoi. La société réunionnaise, par l'originalité de son peuplement et la jeunesse de son histoire, se révèle un sujet d'étude particulièrement intéressant. Existe-t-il une opinion publique réunionnaise et comment se caractérise-t-elle ? C'est ce que cette thèse se propose de découvrir. De 1974 à 1995, La Réunion connaît de profonds bouleversements politiques, économiques et sociaux. Ce développement à marche forcée se traduit par une profonde mutation de l'opinion publique réunionnaise. L'apparition du Quotidien de La Réunion dans le paysage médiatique local en 1976 joue un rôle crucial dans cette évolution en imposant le passage d'une presse d'opinion à une presse d'information. Mais en dépit de l'impulsion lancée par Michel Debré au début des années 1960, la société réunionnaise souffre encore d'un important retard économique et social à la fin des années 1970. La définition statutaire de l'île envenime les débats et voit s'affronter autonomistes et départementalistes. La question du statut se heurte à l'élaboration d'une identité complexe et au choix cornélien d'un modèle de développement. Partagée entre ses liens culturels avec les pays de la zone océan Indien et ses liens historiques avec la France métropolitaine, l'identité réunionnaise ne peut échapper aux enjeux politiques qui la tiennent prisonnière d'une controverse obsessionnelle. L'élection de François Mitterrand incite le Parti Communiste Réunionnais à abandonner la lutte autonomiste, ce qui met fin à la bipolarisation de la société réunionnaise. La « libéralisation des ondes » en 1981 puis la création illégale de télé Free Dom en 1986 confirment le besoin d'expression des Réunionnais. Le renouvellement culturel dessine les bases d'une nouvelle identité créole. Mais les émeutes liées à la saisie des émetteurs de la télé pirate, en 1991, soulignent les fragilités et les contradictions de la société réunionnaise. Les événements du Chaudron, loin de se réduire aux scènes de violence et de pillage, ont peut-être été le point d'orgue d'une crise identitaire interpellant cette société réunionnaise à la recherche d'elle même, mais qui désormais revendique sa double appartenance à l'espace européen et la zone océan Indien.