Les habits de la foule : techniques de gouvernement, clientèles sociales et violence au Rwanda rural (1963-1994)
Auteur / Autrice : | Emmanuel Viret |
Direction : | Jacques Semelin, Danielle De Lame |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance en 2011 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Mots clés
Résumé
La thèse est une étude du clientélisme rural rwandais sous les deux premières Républiques (1963-1994). L’objectif est de comprendre la mobilisation des paysans pendant le génocide, en 1994. Il s’agit d’une double monographie consacrée à deux anciennes communes (Bicumbi et Nyakabanda), résumant trente ans d’histoire locale et s’appuyant sur environ 700 pièces d’archive et une centaine d’entretiens menés sur les collines et dans les prisons du pays. L‘enquête a duré deux ans. L’argument est articulé en trois mouvements. La première partie retrace la genèse et l’installation d’un dispositif de développement au Rwanda devenu idéologie d’Etat sous la deuxième République. Il s’agit de montrer comment la mise en valeur du pays l’a progressivement constitué en laboratoire de gouvernement, auquel participèrent en une cinquantaine d’années aussi bien l’appareil d’Etat que l’Eglise puis le tissu associatif et coopératif. Une attention particulière est accordée à l’invention et à la reproduction de techniques spécifiques de gouvernement jusqu’au début des années 1990. L’objectif de la deuxième partie est de rendre compte des métamorphoses de la structuration sociale des communes sous l’effet du dispositif de développement, en détaillant l’évolution des relations de clientèle après l’indépendance et en accordant une attention particulière à leur recomposition au sein d’une économie en voie de monétisation. Enfin la troisième partie est consacrée à l’émergence d’une économie de la violence au début des années 1990, et à la constitution, à l’échelle locale, d’une coalition sacrificielle contre la population Tutsi de l’intérieur.