Viol et rapports de genre : émergence, enregistrements et contestations d'un crime contre la personne
Auteur / Autrice : | Alice Debauche |
Direction : | Michel Bozon |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 2011 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Résumé
La loi de 1980 a ouvert en France une nouvelle période dans l’histoire du traitement social du viol. Répondant partiellement aux revendications féministes des années 1970, elle contribue à établir le viol comme crime contre la personne. Par la reconnaissance du viol conjugal, elle a aussi redéfini les frontières de la sexualité légitime. Cette loi marque le début d’une série d’enregistrements du viol par les dispositifs de la statistique publique. La mise en regard des sources administratives de police et de justice et des enquêtes sociodémographiques, dans une perspective de genre, montre que la plupart des viols échappent à l’action de la justice. Une ligne nationale d’assistance aux victimes, SOS Viols Informations, est financée par l’Etat depuis 1986. A partir des comptes rendus d’appels, nous avons constitué une base de données qui comporte plus de 35 000 appels passés entre 1986 et 2006. L’analyse de ces données et l’analyse secondaire des enquêtes (Enveff, 2000 ; ACSJ, 1994) nous ont permis de déplacer le regard hors de l’arène judiciaire. L’augmentation de ces différents enregistrements entre 1980 et 2000 traduit une transformation des sensibilités vis-à-vis de la violence sexuelle. Le nombre de plaintes s’est stabilisé dans les années 2000 mais les déclarations progressent encore dans les enquêtes et les appels. Le dévoilement des viols est un phénomène progressif et segmenté selon le type de viols. Les approches juridiques et psychiatriques du viol produisent une image dramatisée des victimes. L’analyse en population générale permet de la nuancer en montrant que le viol n’est qu’un des éléments qui contribuent aux manifestations du mal-être chez les victimes.