L'ironie dans la poétique du roman L'Homme qui rit de Victor Hugo
Auteur / Autrice : | Laurence Revol |
Direction : | Chantal Massol |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Arts |
Date : | Soutenance le 09/06/2011 |
Etablissement(s) : | Grenoble |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale langues, littératures et sciences humaines (Grenoble, Isère, France ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Equipe rech sur l'hist, théories et la didactique littérature et des arts du spectacle |
Jury : | Président / Présidente : Joëlle Gleize |
Examinateurs / Examinatrices : Chantal Massol, Claude Millet | |
Rapporteur / Rapporteuse : Claude Millet |
Mots clés
Résumé
Cette thèse se propose d'étudier les différentes manifestations de l'ironie dans la poétique romanesque de L'Homme qui rit de Victor Hugo selon trois axes d'étude. Le premier s'organise autour d'une analyse de l'énonciation polyphonique dans le roman. Qui prend en charge le récit et avec quelles intentions? Les propos des personnages sont souvent empreints d'ironie, et sont commentés par le narrateur ou l'auteur. Nous observons surtout la fonction de ses paroles dans l’énoncé : comment leur insertion influence-elle le déroulement du récit? Pourquoi favorisent-elles les manifestations de l’ironie? Puis, le deuxième axe de notre réflexion s'interroge sur le mélange des genres qui favorise également l’émergence de la parole ironique. L'utilisation de l’ironie permet à Victor Hugo de porter un regard critique sur son travail d'écrivain en reconsidérant ses pratiques d’écriture. Dans son roman L'Homme qui rit,il se veut, d’abord, poète en proposant une écriture proche de celle du texte poétique où l’image figure les idées et favorise aussi le registre ironique. L’auteur endosse aussi le rôle de dramaturge en mettant en scène la parole pour la rendre plus ironique et, en même temps, le travail de sape permanent de l’ironie ne fait qu’amplifier les visées politiques et littéraires de l’auteur. Victor Hugo dénonce certaines pratiques politiques afin de remettre en question aussi sa propre expérience d’homme politique. Enfin, le dernier axe de cette étude se propose d'observer la dimension métaphysique de l’ironie au cœur de la poétique en soulignant les différentes influences des mouvements de pensées philosophiques. Dans L’Homme qui rit, on peut distinguer deux choses : l’ironie classique, définie et utilisée au cours de l’Antiquité, et l’ironie moderne, apparaissant à la fin du 18ème siècle, qui correspond à l’émergence de l’ironie romantique. Dans le roman, l’ironie verbale s’inspire des procédés rhétoriques employés par les philosophes de l’Antiquité mais aussi de l’antiphrase, arme favorite des philosophes des Lumières pour qui la littérature ne se présente plus seulement comme un témoignage ou la critique d’une époque, mais elle devient aussi un intermédiaire entre l’écrivain et son lectorat afin que ce dernier s’interroge davantage sur sa condition et sur tout ce qui l’entoure. Dans L'Homme qui rit, l’utilisation de l’ironie n'a pas seulement pour vocation de railler, elle permet au lecteur d’étendre et d’approfondir sa réflexion sur sa propre condition.